mercredi 11 mai 2011

Arrivée au Burkina et organisation du reste du voyage

Je quitte Dakar et le Sénégal le 2 mars, après avoir découvert Carlou D, excellent musicien! Son spectacle était incroyable, une ambiance de feu, tout le monde dansait. Rien à voir avec Youssou n’ Dour. Pour défendre ce dernier, il y avait alors bien plus de toubabs dans la salle et c’est bien connu que le toubab est beaucoup plus difficile à bouger… Alors que là, le public s’agitait à souhait, chantant, criant avec des déhanchements à faire pâlir la meilleure danseuse du ventre… J’ai regardé avec attention, mais je soupçonne les Sénégalaises d’avoir des roulements à billes à la place des hanches et un métronome dans les veines. En tant que bonne toubab, j’ai fait des petits moulinets désordonnés dans mon coin… mais je me suis bien amusée quand même!

Bref, le lendemain départ pour Ouagadougou avec un faux départ - deux aller-retour à l’aéroport, j’avais oublié chez Léo mon sacrosaint carnet de notes. Eh oui, j’ai changé de pays et de continent, mais ma passoire, elle, est bien restée accrochée à mon cou. J’arrive chez Lina sous une chaleur de plomb, il a beau faire nuit, il doit faire un bon 36 degrés.

Je ne vous referais pas le détail de cette semaine, je vous conseille fortement d’aller lire le billet « Intermède : arrivée et adaptation à Ouagadougou » du mois de mars. Mais pendant mon flou adaptatif, j’en profite pour me questionner : qu’ai-je vraiment envie de faire? Sculpter et retourner au Sénégal. Soit ! J’avais promis à ma mère que l’on ferait un bout de voyage ensemble à mon retour d’Afrique, les pays envisagés : Syrie, Égypte, Turquie. La situation politique étant ce qu’elle est, les deux premiers sont recalés… bien qu’en Égypte les tout inclus soient quasiment gratuits… mais l’idée de partir dans ce type d’établissement après 3 mois sur mesure me retourne le cœur… Puis j’ai bien envie de partager ces découvertes avec elle... Que lui ferais-je visiter? Dakar-N’gor, Ziguinchor et la famille d’Astrid, l’ile Carabane et son festival, je pourrais y faire de la sculpture sur bois… Elle pourra se reposer tranquille, visiter l’île, se dépayser, sans risque de se faire importuner. Bonne idée. Je monte le projet, établis le budget, envoie la proposition, appelle Soraya pour organiser un petit bout sur Carabane et j’attends la réponse de ma mère.

Pendant ce temps, je loue une mobylette, une P40, et pars à la découverte de la ville et de la conduite de ce solex amélioré… Ce n’est pas une mince affaire : entre les pédales qui tournent toutes seules, en accéléré, me forçant à m’arrêter, la chaîne qui déraille à chaque fois, le trafic plutôt dense, mon sens légendaire de l’orientation, je demande souvent mon chemin, et la chaine qui déraille toujours à chaque fois… Je finis mes deux jours de mobylette, le mollet bleu, les doigts noirs, mais l’air heureux.

Ma mère me donne son OK, je finalise le tout. Il ne me reste donc plus que deux semaines au Burkina… mon budget s’est restreint, je dois payer le billet retour sur Dakar. Je quitte Ouagadougou pour visiter Bobo Dioulasso et ses alentours et y « sculpter sur bronze » et puis j’enchainerais avec Banfura et ses sites naturels, reviendrais sur Ouagadougou quelques jours avant de redécoller. Voilà le programme! Zou, en Route!

Détails au prochain épisode : Bobo ou le bonheur de sculpter!

dimanche 8 mai 2011

Carabane

L’île de Carabane n’est pas très loin de Ziguinchor, on compte juste 1 h de taxi-brousse à partir de Ziguinchor. Puis on prend la navette-pirogue pendant une demi-heure et on se retrouve sur l’île. Cette île est d’une incroyable tranquillité, rythmée par les navettes-pirogues et les marées, aucune voiture, pas d’électricité, des petites boutiques, mais aucune sollicitation. Près de 400 personnes y vivent, autour d’une église, d’une mosquée, d’une école, d’un dispensaire et d’une maternité, de quelques campements et un hôtel. Quelques traces de la présence française s’éparpillent dans l’île : puits, ancienne église, prison en ruine… Les habitants sont adorables et accueillants. 

Le tour de l’île se fait en une journée, on visite le potager des femmes, l’exploitation du vin de palme, le cimetière où l’on trouve des tombes des premiers colons français, on croise des troupeaux qui paissent dans les rizières, et traversent à heures fixes le bolong pour venir boire sur l’île, des femmes qui ramassent et font sécher de délicieuses huitres de mangrove, des enfants qui veulent être pris en photos, des couturiers sur leur machine, des artisans qui font du batik, des artistes peintres et sculpteurs sur argile, des pêcheurs qui réparent leur filet ou ramènent le fruit de leur pêche, des Européens qui font construire leur maison, des femmes qui font du pain, des paniers…

Bref un petit paradis. Au début je devais n’y rester que 2 jours, puis la vie y est si agréable et les rencontres tellement fortes que je décide d’y rester 2 jours supplémentaires : je raye de mon programme Cap Skiring et Kabrousse, sans aucun regret!

Je discute beaucoup avec Soraya, Française parlant couramment Diolla, et vient ici depuis 20 ans avec son époux, Lébou. Ils ont fait construire leur maison et connaissent l’île comme leur poche. Ali, le sculpteur m’explique les principes de la sculpture sur bois et l’on parle d’un stage possible lors de mon prochain séjour, un jour… l’année prochaine peut-être…
Sans parler de Célestin, cuisinier au campement qui nous fait de délicieux repas, la maisonnée de Hannah constituée de son petit bout de chou Alfred, d’Émile, Salif (là encore on oublie les idées d’identification des relations des parenté), Daoda, jeune pêcheur guitariste, Gloria jeune Espagnole qui a décidé de venir habiter ici dans sa case pendant un an, Orfang piroguier et « calmeur professionnel de colère ». Je ne vous raconterais pas l’histoire de tous, mais je me dois de citer encore quelques noms : Shérif, Kimboussa, Aline, Amathe, Landing, Youssou… et je regrette pour ceux que j’oublie.

Je retourne à Ziguinchor où je retrouve la famille Gomis – Mendy, la veille de l’embarquement sur le bateau pour Dakar. Cette fois-ci Joseph et Caroline (oncle et tante d’Astrid) sont de retour de Guinée et m’ouvrent grand leur bras, tandis que les enfants me font une véritable fête. On discute des heures carrées en sirotant du vin de palme. À l’heure des repas, je mange avec Joseph dans le salon, et dans la journée me partage entre la place assise à côté de Joseph devant la maison et celle à côté de Caroline dans la cour. Si les premiers jours que j’ai passés au sein de la famille étaient hésitants, je ne savais pas trop comment me comporter, ni quelle était ma place, là, je me sens à mon retour comme un poisson dans l’eau et quasiment une fille de la maison (sacrément gâtée, j’en conviens).

Je suis complètement sous le charme de cette famille et de cette partie du Sénégal. Je meurs d’envie de revenir de vivre plus longtemps parmi eux. Ils m’offrent leur hospitalité et je conviens avec Caroline que la prochaine fois que je viens, je participerais pleinement aux travaux de la maison. Cette dernière journée est exquise.

Est-ce le fait d’avoir vécu davantage la vie sénégalaise ici ? Est-ce le fait d’avoir fonctionné sans guide? Est-ce parce que je suis sur le point de partir au Burkina et donc de quitter le Sénégal? Je ne sais, mais cette dernière partie du voyage est poignante, belle, intense. Je quitte à regret Ziguinchor me promettant d’y revenir.

mardi 3 mai 2011

Ziguinchor

- Pour ceux qui sont toujours perdus – Ziguinchor est à mettre à la suite du billet du 9 mars 2011, intitulé « Siné Saloum suite et fin ».

Donc me revoilà à Dakar, mais c’est le mardi 15 février que j’ai embarqué sur le bateau qui m’amène à Ziguinchor, après avoir acheté les rideaux pour l’appartement de Léo. Je suis arrivée bien trop tôt donc je patiente une bonne partie de l’après-midi sur le bateau, il ne largue les amarres qu’à 20 h. Ce qui me laisse largement le temps d’explorer le bateau.

Comme la Casamance est à l’extrémité sud du Sénégal, il n’y a pas 35 solutions pour rejoindre cette région limitrophe avec la Guinée-Bissau. Soit vous traversez la Gambie – seul hic les douaniers y sont lunatiques, soit, vous contournez la Gambie en passant par le Sénégal oriental, et doublez voire triplez ainsi la distance à parcourir, le temps à passer dans le taxi-brousse, la température, en s’enfonçant dans les terres, la chaleur augmente. Sans oublier que dans ce cas-là, vous arrivez par la Haute Casamance, bastion des rebelles. Ces deux options ont un fort potentiel de souvenirs cocasses, doivent regorger de lot de surprises et de paysages époustouflants, mais le bateau est la façon la plus sûre et relativement rapide de rejoindre Ziguinchor. La traversée dure 15 h, bref une bonne grosse nuit et un bout de matinée à admirer le fleuve et la mangrove qui nous accueille.

À Ziguinchor, je suis accueillie par Léontine, la fille de Joseph, oncle ou simili d’Astrid, amie et ancienne collègue de ma mère. Vous avez suivi??? Rassurez-vous, il n’y a qu’ici que je détaillerais les relations familiales, car j’ai abandonné chez eux mes vieux restes d’esprit occidental de classification et d’identification. Mais pour la petite histoire, sachez que je me suis transformée en ethnologue de terrain, calepin et stylo en main, j’ai essayé de comprendre qui étaient les 15 personnes qui habitaient la maison, mais au bout de deux jours, j’ai jeté l’éponge!!!!

Bref, me voici dans la famille élargie d’Astrid du côté sénégalais, je vais passer ici trois jours à observer, à essayer de me trouver une petite place et à participer le plus possible à la vie de famille. En tant qu’invitée, on me laisse bien faire deux ou trois petites choses. Mais ne sachant pas trop comment me positionner, je suis un peu gauche des mes dix doigts. Sans oublier que la communication est un peu chaotique. Les femmes avec lesquelles je passe une bonne partie de la journée ne parlent pas très bien français. Mon wolof rudimentaire, mon mandingue inexistant ne facilitent pas les choses. Heureusement, le mime fonctionne bien, quelques quiproquos se terminent en éclats de rire. Léontine parle très bien le français, mais elle va à l’école la journée, et elle est tellement timide que nous nous parlons peu. Le soir, les hommes rentrent à la maison et je récupère l’usage de la parole. Jean, le frère de Joseph, vient s’occuper de moi. Il m’a fait visiter la ville : le port, l’usine d’huile d’arachide, le marché, la mairie, l’office de tourisme, la cathédrale, le marché artisanal, le centre culturel français… le « cabaret » où l’on boit du vin de palme. J’ai poursuivi mon exploration de la ville et du quartier seule, à la recherche des tisserands, découvrant les ferblantiers. Jean viendra me retrouver tous les soirs avec un petit verre de vin de palme pour discuter et débriefer la journée.

Pendant ces trois jours, le moment du repas fut assez particulier : seule dans le salon, place d’honneur du patriarche absent. Ce n’était pas vraiment une surprise, Astrid m’avait prévenue. Autant dire que je ne mange pas beaucoup et fort rapidement, attirant le dépit de mes hôtes : « je n’aime pas ce qu’ils font? » « Je veux être toute maigre? » Le 1 er jour, j’ai demandé pourquoi, les femmes m’ont répondu par un sourire gêné, mutique. Le lendemain, Jean est venu diner avec moi. Le troisième soir, j’ai pris mon assiette et mes couverts et suis venue m’assoir avec eux, entre les différents groupes de la maisonnée. Effectivement, c’est difficile de mettre une bonne douzaine de personnes autour du même plat. Alors, les saladiers sont répartis selon une certaine logique qui évolue selon la population de la maisonnée. Cette fois-ci, il y avait les hommes, les grand-mères et les enfants, les femmes… et moi au milieu.

Ziguinchor est une petite ville tranquille et verte, chaque quartier a son marché, des petits potagers forment des ilots de verdure, des arbres fruitiers ponctuent les rues. Par contre, il y fait une chaleur étouffante, malgré la présence du fleuve, la brise ne pénètre pas. On est plus au sud et dans les terres, et cela se sent, je me doute que cela est un aperçu de ce que peut être la chaleur au Burkina.

Après ces 3 journées d’explorations, je pars pour l’île carabane
Sujet du prochain épisode!

lundi 2 mai 2011

Retard, retard quand tu nous tiens...

Bonjour à tous

Alors pour ceux qui ne le savent pas encore, je suis de retour au Québec, dans la fraicheur et malgré un bel accueil ensoleillé, la nature est revenue au galop : le printemps se met au variable. Dans les jours qui viennent, je vais finaliser le blogue de tous les épisodes manquants.

En attendant, je vous fais un petit résumé, car certains semblent s'être perdus entre mes messages sur Facebook, l'ordre d'apparition des billets et mon sempiternel retard. 

Alors, je suis arrivée à Dakar, le 17 janvier après un mois en France à festoyer comme il se doit la fin de l'année et avoir popoter un cochon. Une fois au Sénégal, je suis restée deux semaines à Dakar et ses proches alentours, à N'gor, puis pendant plus d'une semaine, suis partie sur la petite côte (M'Bour, Nianing, Joal Fadiouth) et Saint Louis, au Nord à la frontière mauritanienne (ancienne capitale du Sénégal). Retour à la base de départ de N'gor pour quelques jours et en route pour une fin de semaine dans le Siné Saloum avec Léo. Retour à N'gor via M'bodiène puis - à partir de là, les épisodes manquent à l'appel - départ pour la Casamance (Ziguinchor et l'île Carabane) dernière excursion au Sénégal. Retour à N'gor et décollage pour Ouagadougou (Burkina Faso). Je suis restée un peu plus d'une semaine dans la capitale avant de reprendre mes explorations, d'abord Bobo Dioulasso pour une belle grosse semaine de visite et de sculpture de bronze, quatre jours à visiter les sites superbes de Banfura, retour à Ouagadougou, et décollage pour Dakar - N'gor. Je récupère ma mère, quelques jours pour lui faire découvrir le village de N’gor et les Almadies, l’île de Gorée et embarquement pour Ziguinchor et Carabane (sculpture sur bois, ouf!!!). Retour sur Dakar – N’gor. Départ définitif pour la France. De retour dans le pays des toubabs, je me rends compte que les billets sont si chers pour le Québec que je dois y rester pour deux semaines (petit tour de la famille). Enfin, je foule le sol de notre belle province le 27 avril. Prête et même impatiente de vivre le printemps qui frémit ici.

De l’Afrique pleins les yeux, le cœur et la peau (je n’ai jamais été aussi bronzée que ça!!!!)… une envie de repartir qui me fourmille dans les jambes, je reprends mes repères avec une nouvelle appréciation de notre culture et de notre fonctionnement. Il paraît qu’il faut autant de temps pour réatterrir dans son pays que le temps parti… Ça me parait bien long… Alors, je me dis qu’en en parlant (blogue et soirée Afrique) et en utilisant les photos, allant dans les boutiques africaines, je vais finir par épuiser le filon ou plutôt intégrer cette nouvelle dimension à ma vie d’ici.

En espérant vous voir prochainement ou de vous lire encore suite à la mise en ligne des nouveaux épisodes, je vous embrasse bien fort et vous remercie encore chaleureusement de vos commentaires, de votre soutien, de vos coups de main, de votre assiduité, de vos lectures et tout simplement de votre présence!

Dieuredief !!!! (merci en wolof)

vendredi 11 mars 2011

Intermède : arrivée et adaptation à Ouagadougou

Je suis arrivée à Ouagadougou, il y a maintenant un peu plus d’une semaine et quand je vois le retard que j’ai pris avec le blog, j’écris dès aujourd’hui pour ne pas oublier les sensations et les impressions tant qu’elle sont chaudes, puis pour vous mettre un peu plus au "goût du jour".

Ouagadougou est une grande ville mais n’a pas l’importance, ni la densité de Dakar. Si on peut faire un comparatif, je dirais que Dakar correspond à Montréal, tandis que Ouagadougou s’apparente à Sherbrooke. La ville est nettement plus étendue et vaste, il y a  peu d’immeubles et aucune tour à bureau. Les rues sont larges, les bâtiments espacés, les taxis verts sont en bien meilleur état que les jaunes de Dakar. Cette ville, contrairement à Dakar, est dominée par le rouge:  briques, banco, sable. Plusieurs axes principaux de circulation se divisent en deux voies: une large pour les voitures et une autre plus étroite pour les deux roues. Je n’ai jamais vu autant de deux roues dans une ville ... Peut être à Rome... Je dois trouver le moyen de prendre un photo de la circulation à 18h00 à un feu rouge, les voitures sont cernées de deux roues : vélos, motos, mobylettes. Nous ressemblons à des nuées, des escadrons de moustiques, eh oui j’en fais partie car Lina a une ch’tite moto et que je me promène derrière elle dès qu’elle n’est plus au boulot. Et j’en  profite pour redécouvrir les plaisirs de la moto: le cheveu au vent, l’œil larmoyant, le sable dans les dents (ça change des moucherons et autres moustiques ;o) et le nez frétillant. Ouaga sera donc pour moi une ville de sensations. Selon les quartiers traversés et l’heure, on y sent la fraicheur des jardins, le sucre des fleurs que je pense être du jasmin, l’âcreté de la fumée des décharges, les pots d’échappements et l’huile de moteur, la sécheresse de l’air du milieu de la journée, la verdure des potagers le long du barrage, l’eau croupie de la canalisation principale.
Les habitants sont bien moins insistants que dans le centre ville de Dakar, ils sont même plus distants, plus respectueux de l’espace vital. Excepté dans les zones artisanales, marchandes ou touristiques, peu de personnes vous approchent et vous parlent, ils sont un peu moins bavards que les Sénégalais, moins accrocheurs, plus doux, discrets, timides, j’ai du mal à trouver le mot approprié.  Dans le quartier, les enfants s’approchent de moi pour me serrer la main, les voisins de Lina me saluent d’un bonjour avant midi et d’un bonsoir dès 13h00. Mais les interactions en restent là. Excepté les épiciers du coin qui se moquent de moi : « Il fait chaud ! » J’ acquiesce en essuyant, mon front, mon cou... Je pourrais essorer mon t-shirt! La décence me l’interdit, j’ai une allure de serpillière souriante! En fait, tant que je suis en mouvement, la sueur s’évapore, rafraichit le corps mais dès que je m’arrête, que je m’abrite ou que je bois de l’eau fraiche, je me transforme en flaque, bref je dégouline!

Contrairement à Dakar, je m’initie doucement à Ouagadougou. J’ai beaucoup de mal à quitter le Sénégal. En 5 semaines, j’y ai pris mes habitudes, mes repères, mes contacts. Ici, je dois tout recommencer. Même si Lina est là, elle travaille la journée et je me débrouille comme une grande fille, bien entendu, elle m’a donné plein de tuyaux pour la ville, me déplacer, les prix en cours etc... Mais le Sénégal me manque terriblement : la fraicheur de la côte, mais surtout Léo, Phil, Oumar, Deffa, Fama, Soraya et son Lébou, la famille d’Astrid, Guillaume, les connaissances de droite et de gauche qui sont autant de petits cailloux semés qui jalonnent  mon parcours.

Je dois réapprendre la ville, le mode de communication, refaire mon trou... Une certaine lassitude me prend que la chaleur amplifie lors des premiers jours. Résultats : repos, piscine, découverte timide de la ville, planification et prévision budgétaire de ce que je veux faire ici dans une douce nostalgie sénégalaise. C’est au bout de quatre jours que j’investie la ville. La chaleur qui m’accablait la veille s’oublie vite, occupée à découvrir. Bien entendu, je me cache à l’ombre entre 12h00 et 14h00. La ville est tellement étendue qu’elle ne se parcourt pas aisément à pied, il faut pour se rendre d’un point à un autre utiliser soit le taxi, soit la moto. Donc je rencontre des guides improvisés : un guide du musée national qui veux que je relise son projet de festival contre la découverte du village artisanal et de la maison des femmes, un vendeur de souvenirs qui me promène pour 500 CFA autour du barrage, découverte de la cathédrale, centre national d’art... Là encore les hommes restent en avant et s’égayent dès qu’une toubab seule est en vue, les femmes, excepté quelques marchandes de fruits, restent discrètes mais nettement moins méfiantes que les sénégalaises... Le manque de tourisme sans doute.

Le babillage des sénégalais me manque, il est ma « référence africaine » , ce avec quoi j’ai du batailler lors de mes 1res journées sur le continent, je sais me débrouiller avec, y répondre et finalement j’apprécie ce jeu, cette compagnie éphémère où personne n’est dupe. Le silence et la discrétion burkinabé me gêne, me trouble, me fait ressentir la solitude de façon plus aigue, plus pesante. J’observe Lina et sa façon de gérer ses relations qui est tout autre que la mienne. Elle vit ici depuis deux ans, le travail, le quotidien, l’efficacité a pris le dessus sur la curiosité ébahie et nonchalante de la touriste que je suis. Directe, sans état d’âme, elle connait les ficelles, elle contrôle et dirige les choses. Elle m’ouvre un autre point de vue, une autre façon d’être en relation avec eux, plus réaliste, distante elle aussi, elle n'est plus naïve, si toutefois elle l'a été un jour. Lina m’accueille dans son immense maison, paisible, ventilée. Elle m’aide à prendre mes repères, me présente à ses amis et collègues, me promène, respecte mon rythme même si elle doit le trouver très lent...

 Le 8 mars c’était la journée internationale de la femme: ce jour est férié au Burkina pour les entreprises et le centre ville mais pas vraiment pour les petites boutiques de quartier. Nous avons été réveillées ce matin dès 8h00 par la musique à tue tête, lancée d’un ampli au coin de la rue, des rires et des éclats de voix... Le temps d’émerger et la musique s’est tue. Ce soir, elle a repris quelques instants avant la coupure d’éléctricité. Les femmes du quartier, habillées du pagne imprimé pour cette journée, se réunissaient autour de l’ampli. Elles apportaient des chaises et de quoi manger : elles dansaient. Ce joli bal improvisé a coupé court... Quelques chants et claquements de mains ont tenté de suppléer au manque de musique, mais lorsque nous sommes sorties de la maison, les femmes s’étaient dispersées.

mercredi 9 mars 2011

Sine Saloum suite et fin

Le taxi moto est rigolo, le voyage en pirogue superbe, la charrette extrêmement lente! Nous sommes à Bamboung à 15h30: Léo a gagnée bien que les termes du pari n’est pas été très clairs. Passons, on s’offrira mutuellement coca et bière pour le repas. Cette ile se trouve à quelques kilomètres de la Gambie au fin fond du Siné Saloum (sorte de delta ou estuaire inversé des fleuves Siné et... Saloum), et fait partie d’un projet d’aire protégée. En choisissant ce campement, on participe au financement de cette aire et du contrôle de la zone de pêche, de chasse et de cueillette (toutes ces activités sont strictement interdites sur un territoire de 700 hectares, si mon souvenir est exact), les bénéfices sont reversés à la communauté de commune de 54 villages aux alentours, les travailleurs de ce campement, excepté Charles (français), sont issus des villages susdits. Les cases sont construites en banco, en paille, les lits surmontés de moustiquaires s’appuient sur des sommiers de bambous. La salle de bain est en plein air, dissimulée derrière des pans de palmiers tressés. L’eau est puisée et placée dans un bidon plus haut que le pommeau de douche. La chasse d’eau est une calebasse à remplir au robinet. La douche est plus chaude le soir, le matin, les tourterelles perchées sur les cloisons roucoulent, attendant la fin des ablutions pour venir boire.  Je ne vous raconte pas le bonheur de prendre sa douche au beau milieu de la nature... Il n’y a pas d’électricité sur l’île, chaque case a son panneau solaire et offre ainsi quelques heures de lumière la nuit tombée.  Bref du vrai tourisme écolo, équitable comme on l’aime dans un véritable paradis. Sans oublier l’équipe du campement qui est adorable!
Le seul hic, si, si, je vous promets, il y en a un : c’est un peu cher pour mon budget... Mais bon nous y resterons qu’un week end et vraiment ca vaut le coup!

Pendant ce week end nous ferons les activités offertes par le campement accompagné d’un guide perso: Biram. C’est une perle, il est gentil, précis et drôle. Nous avons fait une randonnée dans la brousse à la recherche du phacochère. Biram nous montrait toutes sortes d’oiseaux, de végétaux, nous aidait à prendre les photos. Nous avons surpris le phacochère sur le chemin du retour, au crépuscule. Ce sanglier africain ne charge pas parait-il... Si vous voulez voir à quoi ca ressemble, louez le Roi Lion et vous découvrirez dans Pumba exactement la démarche de la bestiole. Le corps et les pattes sont assez fins, tandis que la tête est beaucoup plus massive. Il se tient cambré, le pas délicat et sautillant, la tête haute, on dirait un sanglier aristocratique.

Le lendemain, nous découvrons le sentier écologique les orteils dans la vase et le mollet au frais dans l‘eau, dans la mangrove, au milieu des huitres et des éponges, des crabes, des petits poissons, à la recherche des singes véverts, sous le joug des touristes anglophones bruyants.  Nous avons perdu l’exclusivité de notre guide: 6 autres coturnes souhaitaient faire la visite, des allemands, des anglais et des hollandais. Un autre guide a été appelé mais il n’est pas arrivé ce matin.  Expliquez-moi pourquoi les anglophones beuglent dès qu’ils sont en groupe non, non même pas! pourquoi beuglent-ils tout court???!!!... Je vous avoue que là, c’était vraiment limite pour l’observation des bestioles et de l’intégrité humaine!

Rôties à souhait, nous avons enchainé, après déjeuner, avec une baignade salutaire et une promenade à Sipo, le village de l’île où Biram nous a présenté la Reine, la femme la plus âgée du village que tout le monde respecte, salue et visite, sa femme (de Biram), fille de la reine et ses enfants. Et nous avons acheté du vin de palme fraichement récolté, en cours de fermentation, il mousse sans arret dans la bouteille de plastique percée, nous le boirons ce soir. Nous cherchons à acheter du miel de mangrove, mais le producteur est en rupture de stock. Après cette ballade, hop promenade en kayak avec Biram, je m’assois au milieu, Léo devant et Biram à l’arrière. Entre quelques coups de rames, je tente vainement d’assommer Léo qui se défend! Biram compte les points et ralentit notre progression. Nous voulons tellement tout voir depuis que nous sommes arrivés que l’on pagaie (ou assomme selon les points de vue) avec frénésie. Nous adoptons donc le rythme africain et laissons filer davantage l’embarcation, les oiseaux s’envolent moins à notre passage. Nous passons à coté de l’arbre de prédilection des pélicans, 4 y sont perchés. Les poissons sautent en banc à la surface de l’eau, Biram nous chante une chanson africaine. Je vous jure un vrai moment carte postale!



Autant vous dire que nous nous sommes attablées, affamées et épuisées. Pour fêter cela, nous avons gouté le vin de palme toujours entrain de mousser. Comme il était presque « neuf », il était très effervescent, un peu comme un cidre, légèrement sucré et acidulé, il a un arrière gout de bois et de verdure, un peu comme un bière d’épinette mais plus douce. Nous en avons offert à l’équipe du campement mais tous semblaient effrayés par les effets du vin. Même s’il n’était pas trop fermenté encore, donc pas très fort en alcool. J’ai appris plus tard que certains déconseillent fortement de le boire à ce stade car il fermente alors dans l’estomac, surtout si ce dernier est vide. Et les vapeurs seraient alors plus nocives que l’alcool du vin de palme le plus usé (fermenté)... Je n’ai rien senti de toute cela mais vous verrez bien si mon neurone est encore aligné à mon retour.

Après diner, nous voici invitées par l’équipe à aller boire les 3 thés traditionnels, ce que l’on appelle le thé attaya (c’est bien ça Léo?) autour d’un petit feu de bois, sous le ciel étoilé, accompagnées par la musique des portables. Nous nous sommes couchées ravies.

Le dimanche : jour du départ. Plutôt que de reprendre la route, nous avons choisi de traverser le Siné Saloum en pirogue. Le départ est prévu pour 10h00 et nous arriverons à 16h00 à Ndangane. Cela nous coûte l'autre bras mais le voyage en vaut le détour, l’eau est belle, le vent souffle fort, heureusement car nous sentons moins le soleil, les vagues nous ballotent à souhait, les oiseaux sont partout : aigrettes blanches, noires, pélicans, bergeronnettes, électres à bec rouge, martins pêcheurs et, Ô joie suprême, des dauphins!!!!

On débarque à N’dangane.  Après les heures paisibles à voguer, on bascule dans une foire d’empoigne, où deux rabbateurs et trois tondus s’efforcent de nous trouver un taxi le plus cher possible pour nous amener à Joal Fadiouth. On s’en sort avec le double du prix régulier. Léo s’énerve et invective à souhait le chauffeur: il lui promet qu’elle voyagera gratuitement la prochaine fois qu’elle vient ici... Après un encas bien mérité, on a rien mangé depuis le p’tit déj, Guillaume Veyrac, ami de la famille, vient nous récupérer et nous offre le gite et le couvert avant le retour sur Dakar prévu pour le lendemain matin. Il nous fait visiter M’Bodiene avant de passer une soirée bien agréable dans sa jolie maison en bord de lagune. Mon oreille interne est toute déboussolée:  je tangue toute la soirée. Le retour sur Dakar se fait sans heurts dans un taxi brousse officieux. Ce n’est pas un break, il ne prend que 4 clients, la voiture est presque neuve, et nous dépose devant chez Léo.
Nous sommes lundi après midi et je largue les amarres Mercredi pour la Casamance.

Ziguinchor et île carabane au prochain épisode mais je vais sans doute vous offrir un intermède Burkina, vu le retard que j'ai pris ca vous recalera sur mon quotidien!!!

N'hésitez pas à m'écrire pour me donner de vos nouvelles!

BISES et à bientôt!




mardi 8 mars 2011

Départ de Saint Louis et pour le Sine Saloum

Je quitte donc Saint Louis, direction Dakar, Lundi 7 février vers 11h00. J'attrape un taxi brousse et l’on part quelques minutes après. Il était presque complet. Dans le taxi, une jeune sénégalaise, un jeune mareyeur, un couple d’allemands avec lesquels je ferais connaissance. Au bout d’une vingtaine de km, on se rend compte qu’il y a un pb. Le chauffeur s’arrête et vérifie ces quatre roues plusieurs fois, jusqu’à finalement s’arrêter et les reboulonner. Enfin, rassurez-vous, il ne reboulonne pas les quatre, mais seulement la roue avant gauche. Un boulon qui maintient la roue sur son essieu se défait car l’écrou n’est pas adapté et la roue tenue par seulement deux boulons finit par se « détacher » un peu, en faisant un bruit symptomatique. Le chauffeur tentera diverses solutions, pour finalement se retrouver avec 25 formes et taille d’écrou dans les mains sans jamais trouver celui qui convient. Au fur et à mesure du voyage, il s’arrête de plus en plus fréquemment pour resserrer l’écrou ou essayer un autre modèle. Ce qui finit par ralentir franchement notre progression, nous dépassons Thiès, ville importante sans qu’il règle le problème, et nous les passagers se lassant du petit jeu du resserrage, démarrage, arrêt resserrage  démarrage, arrêt, etc. quittons le navire à une petite dizaine de km de Dakar. Accompagné du couple d’allemand, j’attrape le bus pour finir le trajet. Le bus est bondé et se retrouve bien vite coincé dans les embouteillages de l’entrée sur  Dakar, mais nous avançons quand même et arrivons à la gare routière. Zou, un dernier taxi pour rallier N’gor et me voilà enfin arrivée à 21h00 chez Léo et Phil, après quasiment 8hoo de voyage, au lieu des 4h00 normale... Je suis pas mal fatiguée mais surtout ravie d’être à bon port, car mon moi pessimiste se voyait déjà dormir sur le bord de la route!
Je resterai finalement jusqu’à vendredi à N’gor, retournant à Dakar pour acheter mon billet de bateau pour Ziguinchor en Casamance, le cadeau d’anniversaire de maman à la cour des maures. Cette petite place se situe dans le marché Sandaga et réunit divers vendeurs, bijoux, sous-verres et sculptures. S’il faut discuter avec acharnement les prix (ce que j’ai encore beaucoup de mal à faire), les vendeurs sont sympa, pas trop insistants et font même des cadeaux, histoire d’être certain que tu reviendras et que tu achèteras... La prochaine fois! Ces quelques jours sont des journées calmes, où je me baigne à N’gor, organise le voyage en Casamance, mange des oursins dans un petit resto en bord de mer (ces derniers sont ramassés dès la commande passée), croise mon oncle de retour de ses deux semaines de chasse, organise le voyage dans le Sine Saloum avec Léo.

Le départ pour Keur Bamboung est prévu pour vendredi matin à 7h00.
Réveillées à l’aube, en fait en même temps que l’appel à la prière de 5h30, le taxi nous dépose à la gare routière « pompiers » à 7h01, nous sommes dans le taxi brousse à 7h03 et sur la route pour Toubacouta à 7h07. La route est la même que pour aller à M’Bour. Je me rends compte que le souvenir que j’en avais et que je vous ai décrit n’était pas très réaliste:  il y a quelques villages certes qui parsèment la route mais on voit beaucoup de brousse et de baobabs, de palmiers, de manguiers et d’arbres araignées qui nous entoure.  La route est longue mais reste bitumée et roulable jusqu’à Kaolak. Le paysage évolue, il s’assèche, verdit, se « casifie » , se ruralise, se sauvagise, se salinise (marais salant)... et la route se désagrège.  Des trous énormes éventrent l’asphalte. Les nids de poule de Montréal font pale figure à coté. Les voitures et les camions ne respectent plus les sens habituels de circulations mais jouent à une course d’obstacles, plus variés qu’un jeu de Nintendo. Objectifs : éviter les trous, les vélos, les camions en sens inverse ou entrain de doubler, les ânes, les marcheurs. Les bas coté sont autorisés et tous les sens sont permis. Heureusement, le taxi ne roule pas vite, ces amortisseurs sont fatigués, offrant un petit complément montagne russe aux petits pions que nous sommes dans ce parcours d’obstacle géant.  Mais le paysage est époustouflant, la terre est rouge, comme nous sommes entrées dans le Sine Saloum, la végétation est plus verte, à chaque case, nous entrevoyons des femmes pilant (nous approchons de midi), des volées d’enfants jouant et des hommes se reposant (ca c’est une constante!!!), et nous commençons à avoir sérieusement chaud.

Nous arrivons à Sabacouta à 12h00. Les paris sont ouverts pour savoir si nous serons sur l’ile avant 15h00. Il nous reste encore à prendre le taxi moto, la pirogue, la charrette... Nous mériterons ce petit paradis terrestre.
La suite au prochain épisode. 

Je suis actuellement rendu au Burkina, à Ouaga depuis presqu’une semaine, j’y ai retrouvé Lina, j’y crève de chaud et je squatte la piscine d’un grand hôtel, on est plus vraiment dans le voyage roots là... Mais sinon je me transformerais en Audrey séchée, le temps de m’adapter à cette chaleur et je reprends mes pérégrinations. Je dors en trempant le drap au préalable pour pouvoir m’endormir, avec le ventilateur à plein hélices. 

vendredi 25 février 2011

Saint Louis ENFIN!!!

Bonjour a tous

Alors maintenant je suis sur un clavier anglophone, j ai donc perdu les accents et l apostrophe aussi (incapable de la retrouver), merci de ne pas m en tenir rigueur. Bon, la regularite n est pas mon fort comme vous avez pu le constater mais il faut dire que les coupures d electricite ne m ont pas beaucoup aidee, surtout que lorsque il y a du courant dans la journee, je suis rarement devant un pc, preferant ecrire le soir ou la nuit, comme aujourd hui. Pour la derniere semaine, j ai ete en Casamance et plutot ravitaillee par les corbeaux en ce qui concerne le net... Ca peut vous donner une idee...

Tout ca pour dire que je vais essayer d aller a l essentiel en ce qui concerne Saint Louis (et pour la suite aussi)

Donc nous avions quitte M bour en taxi Brousse et nous avons change de taxi a la gare routiere de Thies. Une gare routiere senegalaise ressemble a un grand parking surlequel tous les vehicules se retrouvent: charettes, bus, taxi brousse ou classique, etals de marchandises sur roulettes, ou fixes, tous entremeles comme des mikados au milieu desquels circulent, dependant de l heure de la journee, des bancs de poissons humains plus ou moins denses. Il y a generalement une sorte de grande arcade au dessus de la zone des taxis brousse sur le fronton de laquelle sont  indiquees les destinations. Les prix se marchandent un peu mais pas tant que ca. Les taxi brousses sont souvent de vieux break ou s entassent 7 personnes, et la on prie pour avoir des voisins maigres! A thies, nous avons pris un petit encas: de la viande de chevre grillee. C etait tres bon. La viande est soit coupee en morceaux et grillee dans des petits chariots a tiroirs ou encore sur ses quatres pattes a l arriere du camion en attendant son heure (on ne peut pas dire qu elle est pas fraiche!!!). Dans sa forme consommable, elle est cuite tres longtemps dans ces tiroirs et donc se delite toute seule et baignant dans son jus et son gras, est  incroyablement fondante. On choisit les morceaux, avec ou sans os, trippes ou foie, le marchand dispose tout cela dans du papier brun, ajoute des oignons, pese le tout et vous facture.
Nous avons grignote cela avec plaisir dans le taxi qui n attendait plus que nous pour partir. Le voyage s est bien passe, 4 heures de voiture chaudes, sans jamais voir la mer puisque nous sommes trop dans les terres, la temperature monte vite. Il faut boire mais pas trop pour eviter d avoir envie de faire pipi tous les 20 km, ce qui en pleine brousse et en wolof est un experience qui ne ma pas encore tentee! Le paysage dans cette partie plus interieure est toujours aussi beau, de vastes plaines de brousses s intercalent avec des forets eparses de baobabs, de palmiers, de manguiers. Les petits villages qui jalonnent la route correspondent souvent aux images d epinal que nous avons de l Afrique: palissade de bois, cases en paille et banco. Se dispersent aux alentours anes, chevres, moutons, poules, petits etals de fruits et  de legumes, femmes entrain de piler ou de faire leur lessives, enfants courant et jouant, tandis qu au milieu trone un arbre sous lequel se regroupe les hommes. Il peut etre de differentes sortes du moment qu il offre suffisamment de feuilles pour ombrager son pied et ses hotes La aussi, la route est bitumee et en bonne etat, la poussiere la bordant se degrade du rouge vif au blanc craie, nous avons traverse une zone d extraction de calcaire, qui est impressionnante par sa dimension et son isolement dans le paysage. En arrivant sur Saint Louis, les champs de cacahuetes se bousculent et les gros sacs de plastique tisse, version moderne de la jute, se multiplient. Saviez vous que les cacahuetes sont des racines ou des tubercules? et ben, moi non! En fait ca ressemble beaucoup a des pommes de terres, la cahuete c est la pdt et le plant qui la produit a la meme allure. Plantees au moment de l hivernage, les cahuetes ne se montrent a cette epoque de l annee qu en tas en train de secher ou d etre empaquetees. Arrives en cours d apres midi, nous nous somme installes tranquillement, la visite commencera demain, j ai besoin de redescendre la temperature de mon moteur, la chaleur et la promiscuite dans le taxi  m ont sonne.

En ce qui concerne Saint Louis, les abords sont a peu pres identique a toutes les villes senegalaises, l ile centrale en est le quartier historique. La ville est coincee entre le village des pecheurs et la conurbation, entrecoupe par le fleuve Senegal et acculee par la mer. Ancienne capitale du Senegal, elle ressemble un peu a Goree: maisons colorees et parfois un peu defraichies, avec etage et balcon pour le cote nord (inspiration francaise) et de plain pied pour la partie sud (inspiration portugaise). Beaucoup de francais y resident, et la plupart ont l air d etre fraichement debarque des quartiers bourgeois parisiens, les serres tetes en velours ne devaient pas etre tres loins. Nous avons erre dans la ville puis avons fait un petit tour en caleche accompagnes d un guide. Apres cette prise de repere, la facette nippone de ma personne s est reveillee et j ai arpente toutes les rues pour reprendre des photos. J ai visite quelques echoppes et plusieurs ateliers d art contemporain. J ai craque pour une peinture sous verre humouristique, un bus plein a craquer decore a sa proue d un "Tout passe, Dieu Merci". Ensuite je suis alle visiter l atelier de tesss... ou jai rencontre Mai Diop. Femme francaise installee ici depuis plus de 10 ans, tisserande, elle est tombee amoureuse des pagnes mandjaks. Le pagne est une etroite bande de tissu de plusieurs metres de long, porte en echarpe ou cousus entre eux pour faire une jupe, ils sont tisses traditionnellement par l ethnie mandjak. Elle collectionne aujourd hui les plus anciens modeles, pour documentation et reference, les reproduits ou les reinterprete. Si elle est la patronne, ce ne sont que des hommes qui tissent, pas de femmes encore a l horizon artisanal. Elle commence a me presenter sa boutique et sa demarche, et la j enfile la casquette de la museologue: elle voudrait creer un musee... Rdv est pris pour le lendemain matin.

Le rendez vous du lendemain s etirera jusqu en debut d apres midi, je rencontre Juliette qui vient preter main forte a Mai. Elle aussi est francaise, mariee a un senegalais, elle a un petit bout de chou de 2 ans et veut aider Mai dans sa demarche. Nous discutons a baton rompu du projet, de museologie, je leur propose de leur donner quelques conseils et de mettre la main a la pate dans la mesure de mes possibilites. Biensur pour l instant il ne sagit que de benevolat... Pays developpes ou en voie, travailleurs culturels, meme combat... En fait, son concept et sa structure correspondent parfaitement a ce que l on appelle chez nous un economusee. Mai me communique une copie des documents qu elle a ce jour rediges pour le projet. Les mails sont echanges et j ai deja commence a leur donner des informations, travailler sur leur blog d exposition. A ce propos, Celine et Louise, je vais peut etre vous solliciter avant mon retour d Afrique. Le reste de la journee a ete en partie consacree a la gestion des photos et au blog (recit de Mbour)

Nous avions trouve une tite auberge un peu excentree, derriere le village des pecheurs, d ou l on peut voir en meme temps le fleuve et la mer, apres s etre faufile entre les camions refrigeres et epoumone dans les odeurs intenses de poissons frais, moins frais et seches, assourdi par les cris des marchands, les bruits sourds de la construction des pirogues. De par sa situation et l emplacement de l auberge, Saint Louis ressemble pour moi a une venise africaine: a chaque fois que je reviens de la ville, je traverse le petit pont qui mene au village des pecheurs et qui surplombe toutes les pirogues, en aval comme en amont, bien alignees perpendiculairement au fleuve, avec toujours quelques unes, qui partent ou arrivent. C est sans doute pas l image la plus commune que l on retient de cette ville, mais ce sera la mienne.

Donc voici le plus important a mon avis pour Saint Louis, surtout que je n y suis restee que 4 jours (sans avoir fait aucun parc... fort dommage, ils sont tres reputes dans le coin, il faudra que j y retourne) laissant Herve a son projet, et rentrant a Dakar pour repartir cette fois-ci avec Leo sous le bras dans le Sine Saloum, puis ensuite, mon excursion en casamance dans la famille adorable d Astrid et dans l ile carabane... vous voyez que j en ai du retard a rattraper, surtout que mercredi je m envole pour le Burkina ou Lina m attend. Mais promis, je vous raconterai au prochain episode le taxi brousse qui perdait son pneu ou comment faire Saint Louis Dakar en 8h00...


BISOUS et merci pour tous les mails encourageants, envieux, joyeux, moqueurs, droles, poetiques, inquiets que vous m envoyez. Au plaisir de vous lire !
A bientot

dimanche 6 février 2011

M'Bour s'intercale avant Saint Louis

Coucou tous,
Dieu, que le temps passe vite et que j'ai du mal à faire avancer le blog... Il faut dire que je viens de trier les 895 photos que j'ai déjà prises et que ca m'a pris les deux soirées précédentes. Certes, j'ai une connexion wi fi mais le débit est un peu faible. Bref, j'espère que vous allez prendre le temps de regarder les post précédents car j'ai enfin ajouté les photos correspondantes, alors si vous n'appréciez pas l'effort du tri, je vous remercie de supporter le boulot du photographe!!! ;o)

Suite du voyage:
Le vendredi matin où je m'apprêtais à partir à Saint Louis, Hervé me propose de jouer le guide et de m'emmener à M'Bour sur la petite Cote avant de m'amener à Saint Louis, vu qu'il y a des amis et qu'il est coincé à attendre des papiers à Dakar. J'hésite... mais Oumar me dit que je peux avoir confiance, Hervé est un mec sérieux et me dit qu'il sera plus aisé de voyager ainsi accompagnée, je pourrais aussi voir des choses en dehors des circuits touristiques. Donc me v'là partie avec Hervé sous le bras, et ma foi, vu la foire pour les bus, je suis bien contente d'avoir quelqu'un qui parle wolof. Tous les chauffeurs ne parlent pas français. On embarque dans un bus qui a du être dans une vie antérieure une fourgonnette 16 places, qui est dorénavant plus une boite de tôle sur roue décorée à l'africaine, soit des grigris, des images de marabout (tous les auspices sont bons pour la route et que le moteur tourne rond jusqu'à destination) et des jolis rideaux à fleur. Nous sommes tous bien tassés comme dans une boite de sardine et j'ai en sus mon sac à dos sur les genoux. Le bus, ce n'est pas cher, mais c'est plus long car il charge sur son toit des marchandises pour M'Bour à différents endroits et puis il y a les embouteillage pour sortir de Dakar, surtout que vu que j'ai tergirversée un moment, nous sommes partis bien plus tard que prévu (midi - le voyage nous prendra tout l'après midi). Pendant que le chauffeur et son aide chargent les sacs sur le toit, le bus se tranforme en marché, les vendeurs s'agglutinent le long des vitres, en criant le prix de leur marchandises comme des poissoniers, ils nous proposent pains, clémentines, oranges, eau, briquets, cartes de téléphone. Finalement, on met prés d'une heure à sortir de Dakar.
Je commence à voir la campagne, des herbes jaunes et hautes, parsemées de baobabs ou d'arbres araignées intensément verts (merci Hervé pour le nom). La poussière est reine, elle borde la route. Grise à Dakar, elle vire à l'ocre puis au rouge. Cette grande route est fréquentée aussi bien par des camions, des charettes, des vélos, des voitures biensur, d'autres bus, des biquettes et des vaches et tout le monde coexiste en bonne intelligence. Toutefois, je ne verrais pas ou peu de grands espaces, car les maisons restent en premier plan sur la majeure partie de la route. La temperature monte, nous avons quitté la cote et la brise qui va avec. J'ai des fourmis plein les jambes à cause de mon sac alors je joue au flamand rose dans un espace de 1m carré. Aprés un petit somme, nous voici à M'Bour, mais nous pousuivons notre route jusqu'à M'Baling, petit village de pêcheurs enfin surtout de fumeries de poissons, juste avant deux villages plus touristiques Nyaning et Warang. Hervé nous trouve une petite auberge, grâce à ses amis, qui fait travailler le village, elle est gérée par les villageois et tous les revenus sont versées pour l'école, le dispensaire etc. Pour 11000 CFA, on a un appart complet avec deux chambres, deux salles de bain, un patio, une cuisine et un salon. Parfait, plus cher que prévu à mon budget... mais bon cela évite de se marcher sur les pieds et participe activement à la vie du village.

Nous repartons aussitôt pour le marché aux poissons de M'Bour, histoire d'avoir de quoi diner. Le marché est gigantesque, une autre allure que ce que j'ai vu à Soumbédioune. Avant d'arriver aux poissons, il y a le marché de fruits, légumes, quincaillerie, épicerie, produits de beauté, mais on trace car il ne va pas tarder à faire nuit et c'est mieux de choisir son poisson à la lumière du jour. Je demande des explications et le nom de tous les poissons que l'on voit mais rapidement Hervé me demande d'aller me mettre dans un coin: il ne peux rien marchander avec une toubab dans les pattes, les prix triplent. Je vais donc m'asseoir en haut de la halle des marayeurs. Mes voisines s'approchent et me taillent la jasette habituelle. Dans le désordre, ça donne : tu veux me faire un cadeau, est ce la 1e fois au Sénégal, depuis combien de temps tu es là, comment tu t'appelles, que vas tu visiter ici, comment tu trouves le Sénégal, tu reviens nous acheter du poisson demain?

Arrivée d'une pirogue sur la plage du marché à Mbaling, les plus grosse pirogue peuvent partir pendant plusieurs mois en mer

 
Une charette attend son chargement de poisson


Finalement, Hervé a acheté une lotte locale qui ne ressemble en aucun cas aux nôtres. Il va préparer un Caldou. Plat typique de la casamance, le poisson est bouilli avec de la moutarde, des oignons, du citron avec un cube maggi que l'on appelle ici djumbo et bien entendu accompagné du riz brisé. En fait, Hervé va s'occuper de moi comme le boy s'occupe de Florence, il prépare la cuisine, fait les courses, range l'appart et me guide. Cette attitude m'énerve assez rapidement, j'ai l'impression d'être une assistée et c'est loin de ce que je veux expérimenter pendant ce voyage. Je mets cela clairement à plat avec lui et maintenant on partage, je fais les courses même si je paye plus cher, j'apprends le prix des choses et à marchander même la bouffe (y a encore du boulot). Je veux faire le marché toute seule, ce qui me permet de discuter avec plein de gens, ce que je ne peux faire quand je suis accompagnée, puisqu'Hervé devient mon interprète en quelquesorte et que plus personne ne s'approche puisque l'on ressemble à un couple. Alors que, quand je suis seule, tout le monde vient vers moi, engage la jasette habituelle, me demande des photos, surtout ici où il n'y a pas trop de toubabs, les contacts me semble plus authentiques. Je découvre ainsi plusieurs métiers, barbiers, coiffeurs, cordonniers à grigri, marayeurs, pêcheurs, sécheurs ou fumeurs de poissons. Je me sens mieux, les choses sont remises à leur place et je n'ai plus de dépendance. On se met d'accord sur ce que l'on fait dans la journée, il m'accompagne pour les excursions mais on vit chacun notre vie dès que l'on reste sur place. C'est parfait ainsi.

En résumé, on reste 5 jours sur M'baling. Pendant ces 5 jours nous ferons deux excursions : la 1e à la Somone, lieu plus touristique où il ya une belle lagune qui est en fait un estuaire plein de jolis oiseaux, pélicans, aigrettes, hérons, bergeronnettes, martins pêcheurs, échassiers en tout genre. on y apssera la journée. Je me promène le long de la mangrove, de la plage, discute avec les pecheurs à l'épervier (nom du filet) et à la ligne (sur la plage). Ces derniers pêchent la truite des rochers... je ne saurais pas à quoi cela ressemble finalement car ils n'en ont pas pris pendant que j'étais là. La mer est forte dans ce coin là et je n'ai guère envie de me baigner, par contre je ramasse pas mal de jolis coquillages. On rentre en s'arrêtant chez le cousin d'Hervé, donc je me retrouve assise sous l'arbre, au milieu de la cour de plusieurs familles, où se cotoie parents, enfants, biquettes, poules, lézards. Les enfants jouent, les filles se coiffent, et les mecs parlent en diola, dialecte de casamance, alors déjà que mon wolof est balbutiant... autant dire que je me laisse bercer par une musique de fond.

Le lendemain, on marche le long de la plage jusqu'a Nyaning écouter la messe de 11h, réservée aux enfants. Des messes comme ça, je me léverai tous les matins à 6h00 pour y assister! La chorale est époustouflante, les jeunes chanteurs y mettent tout leur coeur, et se dandinent au rythme du djembé et de la cora.  Un des enfants de choeur lit un court passage des évangiles, puis le prêtre interroge les enfants sur ce qu'ils ont compris de cette lecture. Son homélie est vivante, engagée et drôle sans jamais limiter la participation de ces ouailles. L'auditoire composé majoritairement d'enfants et de toubabs applaudit à chaque bonne réponse, et éclate de rires aux réponses plus incongrues. Le prêtre finit la messe par une explication du comportement au moment de l'eucharistie: soit on tire la langue, soit on tend la main, mais pas les deux en même temps! Il réitère son souhait que tous les enfants viennent à 11h et non à 9h car l'homélie y alors est trop longue et complexe. Seul hic, mais bien compréhensif ici, vu la pression induite par le grand nombre de musulmans, il demande à faire une feuille de présence qui sera liée à la liste de l'école, la messe est donc obligatoire car c'est maintenant que vous apprenez à être de bons chrétiens.
Des toubabs ont amenés des bonbons : c'est l'emeute en sortant de l'église, les enfants bousculent la personne qui a le sac et le sac est éventré. L'ostie a provoqué bien moins de chahut! Tous les enfants s'egaillent sur la plage et dans le village.

En cherchant des pêcheurs le long de la plage (pour acheter notre poisson de ce jour), je m'arrête auprès d'un groupe de personnes agées qui jouent au jeu de dames sénagalaises. Ce jeu n' a pas grand chose de commun avec les dames et les explications données par les joueurs sont succintes et je reste longtemps à observer les parties pour mieux comprendre comment cela se joue. Le soir, je retourne au marché aux poissonx espérant prendre de meilleures photos car j'y serais allée plus tôt que le crépuscule, manque de pot ce ne sera pas le cas, mais j' y retrouverai mes copines, ou l'on se taillera un petit brin de jasette.

Deuxième excursion, Joal Fadiouth, un petit village lacustre qui est relié par plusieurs ponts et s'étend sur plusieurs îles. D'un coté, les greniers à millet sur pilotis ont été éloignés du village pour éviter qu'ils partent en fumée avec les incendies somme toute fréquents du village à l'époque ou celui était encore fait de cases. De l'autre coté, le cimetière mixte : chrétien et musulman. Cette ile n'a pas de terre, ni même de sable, seules les coquilles des palourdes font office de graviers, de pierres tombales, de terreau à baobabs. C'est l'une des rares zones où la population est complétement mélangée, les chrétiens se marient avec des musulmans et vice versa sans obligation de conversion. Les musulmans ont payé le toit de l'église et les chréteiens ont participé à la réfection de la mosquée. nous avons visités cette archipel avec une pirogue, et ils se sont faits la course sur les derniers mètres, c'est assez drôle, il y avait un petit quelquechose de Venise là dedans. Le piroguier ami d'un ami, d'un ami, d'ami d'Hervé était super gentil et nous a donné toutes sortes d'explications. Le village vit de culture céréalière qui sont situées de l'autre côté du fleuve, d'un peu de pêche, de ramassage de palourdes (exclusivement féminin) et de la culture des huitres de mangroves, ils les décollent des racines des palétuviers et les mettent à grossir dans les parcs à huitres. Là encore, beaucoup d'oiseaux nichent, les mêmes qu'à la Somone.

Pour le reste du séjour, je retourne au marché dès que je peux en espérant à chaque fois grapiller quelques photos manquantes à la lueur du jour et je me promène dans le village: résultat des courses j'ai des photos de tous les habitants. J'ai promis de leur envoyer dés que possible la version papier des photos. J'ai rencontré l'infirmière du dispensaire avec qui j'ai beaucoup discuté de ... la santé des villageois, je suis allée prendre le thé chez les habitants et notamment chez la femme qui voulait me donner un de ses enfants, je me suis baignée, j'ai appris et joué aux dames sénagalaises, et j'ai joué avec 11 petits garçons qui venaient prendre leur récréation de midi sur la plage. 11 petits mecs beaux comme le jour, du CE1 au CM1, mutins à souhait, me récitant leur leçons, les poésies et les chansons apprises à l'école, m'écrivant sur le sable leur prénoms en français et en arabe, me faisant des dessins, me donnant des exercices de calcul... Ouf, il n' y avait que des additions et des soustractions. Un moment de pur bonheur! et le sable le plus drôle des tableaux d'école.

Depuis mon arrivée à M'Baling , je veux aller visiter les sécheries qui annoncent l'entrée du village mais comme à chaque fois, je retourne faire le marché, je rate les sécheries... je réussi à y aller la veille du départ de saint Louis et voici le compte rendu photo.




Petits crabes de mangroves qui trouent
 

jeudi 3 février 2011

Autres anecdotes dakaroises

Je suis à Saint Louis mais après avoir passé 3 heures à crever de chaud dans le taxi brousse, j'en profite pour vous détailler quelques moments de mes 1res semaines.
Les talibés (disciples)
sont des enfants dont la garde a été confiée à un marabout pour qu'ils apprennent le Coran. Généralement, les familles les leur confient pensant qu'ils seront mieux auprès de ces maîtres instruits. Dans la réalité, à Dakar et dans les autres villes, les marabouts n'ont pas l'argent pour nourrir toutes ces ouailles et les font mendier dans la rue pour qu'ils puissent manger et aussi leur ramener de l'argent (cf. Télérama de décembre 2010). Michèle et les guides m'avaient informée de ce phénomène, mais j'avoue que dans les premiers jours de mon séjour, je ne les avais pas remarqués ou pas vus. Ils ont commencé à "fleurir" sur le chaussée à partir de mercredi. Ils font des rondes dans les quartiers, ils commencent le début de la semaine à mendier dans les quartiers périphériques de Dakar puis se rapprochent du centre ville, à ce que j'ai compris. Leur présence et leur sollicitation se sont accrues jusqu'à vendredi.
Ces mômes se promènent souvent en bandes (2 ou 3) et hauts comme trois pommes. Habillés de guenilles, un petit récipient en plastique à la main, ils sollicitent tout le monde, mais les toubabs (blancs) les rendent curieux et insistants. Là, il faut rester de marbre et répondre gentiment, mais surement. Les gens leur donnent souvent de quoi manger, plus que de l'argent. En arrivant à Saint Louis, quelques petits bouts se sont rués sur une fin de plat de Tiboudiène que l'épicier, à qui je venais d'acheter de l'eau, venait de leur offrir. Souvent quand ils tendent leur petit sot, il y a du riz, des morceaux de sucre mélangés à un peu de monnaie. Ceux que j'ai vu ne sont pas maigres mais loin d'être gros, ne sont ni malades ni difformes, ils sont "juste" sales de la poussière de la ville et paumés, leur regard est droit, direct et sérieux. Il est interdit de les prendre en photo, j'avoue que cela ne m'est pas venu à l'esprit. L'Etat essaie de gérer la situation, mais c'est loin d'être probant. Depuis peu, une loi interdit au marabout de les faire mendier en dessous de l'age de 6 ans. Ce qui est une excellente idée, car déjà qu'à 6 ans, ils dépassent à peine les coffres des voitures autant dire que plus jeunes, ils pouvaient, voir même devenaient, des parechocs mobiles. Est-ce que cette loi est suivie d'effet? Je ne suis pas certaine, je trouve vraiment qu'ils sont touts petits.
J'ai entendu différentes réactions par rapport à ces enfants de la part des sénégalais. Pour certain, le marabout ne peut pas faire autrement car ils n'ont pas les subsides pour les nourrir: il ne reste plus que cette solution, sachant que l'un des piliers de l'islam est la charité et donc que le reste de la communauté/population les prend diversement en charge. La famille est aussi responsable dans le sens où elle se débarasse sans vraiment chercher à savoir ce qu'il advient d'eux et qu'elle ne paye pas ou peu le marabout pour cette prise en charge. A M'bour, où je viens de passer ces 5 derniers jours, une femme m' a invité à prendre le thé dans sa cour. Il y avait là trois familles: 3 maisons, 5 femmes, 15 enfants peut être, entre 15 ans et 3 mois. Cette femme m'a demandé de prendre sa dernière petite fille et de l'emmener avec moi, en France. Je ne sais si c'était une demande sérieuse, malgré la traduction des enfants plus agés. Cette maman m'a refait la proposition pour chacun de ces enfants en bas age - 5 au total- N'est-ce pas ce type de situation où les petits garçons pourraient être confiés à un marabout? Personne ne semblait aller mal, les enfants jouent, rient, biensur on est à la campagne et les familles ne roulent pas sur l'or, mais la vie de tous les jours ne doit pas être très simple... D'autres sénégalais s'investissent. Nous avons croisé avec Hélyette, Bernard et Pierrette une femme qu'ils connaissaient, elle vend ses colliers au pied de la statue de la renaissance Africaine. Elle fait partie d'une association constituée de 300 femmes qui prend en charge ces petits talibés, elles les nourissent, les habillent, les nettoient: 48 enfants sont ainsi sortis de la rue et ne retournent chez le marabout que pour les leçons et y dormir.

Pour le reste de la mendicité, dans les grandes villes, il s'agit surtout des personnes malades (beaucoup de personnes atteintes de la polyo, de paralysie partielle, de déformations physiques, aveugles) ou agées. Vu qu'il n'existe pas ici de système de chomage ou de santé, ces personnes-là ne bénficient d'aucune aide, retraite ou pension. Plus d'un se promènent avec des béquilles, marchent sur les mains protégées par des tongs ou encore dans des petits chariots. Ce qui est incroyable devant autant de dénuement, c'est qu'ils mendient en restant souriants. La plupart du temps, j'ai  répondu à leur sollicitation par la négative, vu que je sors sans argent ou presque sur moi, mais j'ai toujours eu droit a un "merci", "bonne journée" et un grand sourire.

Ensuite, il y a tous les petits vendeurs  de rues, à la sauvette, qui vendent sur une table ou juste en portant sur leur bras toutes sortes de marchandises (lunettes, tissus, parfums, colliers, cartes de téléphone, arachides). Ces derniers ne mendient pas, mais gagnent peu ou pas leur vie. Peu de femmes font ce type de travail, la plupart vendent alors à manger (fruits, légumes ou repas prêts), ou grillent des arachides dans le sable (ce sujet là fera l'objet d'un autre message). Un petit vendeur de parfum nous disait qu'il arrivait, dans ces meilleurs jours, à vendre pour 4000F cfa... Mais là encore, à chaque refus de ma part, s'ils sont souvent insistants, aucune attitude n'est agressive ou mesquine. Généralement, nos échanges sont ponctués de sourire.

Bref tout cela pour dire que les sénégalais riches ou pauvres sont avenants. Le seul bémol que je peux èmettre à ce jour, c'est la défience que je sens de la part des femmes. Les enfants m'interpellent, les hommes me saluent, mais souvent les femmes m'ignorent, se cachent ou prennent un regard trés fermé ou critique. Excepté à M'Bour, les femmes restent généralement distantes...

Ce billet n'aura bien entendu aucune photo.

A bientôt pour les autres photos et le récit de mes jours à M'Bour
Je tenais aussi à vous remercier pour tous vos commentaires! Pour ceux qui ne sont pas membres de mon blog, signez vos commentaires parce que l'anonyme, c'est pas folichon, quitte à ne mettre que les initiales si vous voulez que je sois la seule à vous reconnaitre!!! ca me fera des énigmes ;o)

jeudi 27 janvier 2011

Etape 2 : Dakar (suite)

Pour la 1e semaine à Dakar, je me promène et visite : l'île de Gorée, le Musée Théodore Monod avec rencontre du conservateur adjoint, repas autour du plat national sénégalais, le Thiboudiène, sorte de ragout de poisson (Tiouf-Mérou blanc) au riz parfumé chez Flo (fille de Pierrette), prise de contact avec les amis d'amis, Cathédrale de Dakar, Marchés maliens, Sandaga et Kermel, galeries d'art, Village des artistes, arrivée des pêcheurs à Soumbédioune (les poissons suffoquent encore des ouies), soirée avec Youssou et Samba (amis de Michèle et de Marie Hélène), gare ferroviaire, hôtel de ville, ministères, assemblée nationale, chambre de commerce, monument de la renaissance aricaine (fait par des coréens, il a une allure trés marxiste, il manque plus que la faucille et le marteau).

Arrivée sur l'île de Gorée

maison sur la place principale de Gorée

Visite de l'une des plus anciennes églises du Sénégal avec notre adorable guide

j'ai l'impression que Gorée doit avoir le même air vieillot que Cuba

Très belle pièce du Musée Théodore Monod masque de femme

marché Kermel, là encore trace francaise

Ecolières en uniforme

Gare ferroviaire abandonnée et occupée dorénavant par le marché malien



Etale de poisson du marché Kermel

Saviez-vous que les rougets avaient une langue?

Etale de céréales, bissap et fruits du boabab dont on fait le jus de bouille (en blanc, à droite), très bon


statue de la renaissance africaine : plsuieurs milliars de CFA dépensé alors que les coupures d'électricité paralysent de nombreuses activités quotidiennes (ces coupures peuvent durer toute la journée)

en plein nettoyage et 10 euros l'entrée de la statue...

Somme toute, il est assez facile de se repérer dans Dakar et une fois que l'on sait gérer les sollications, la ville est sympathique, mais reste bruyante, polluée, agitée. Les habitants sont vraiment gentils, serviables et pas agressifs pour un sous. Je pense partir pour Saint Louis, mais le Magal a lieu ce week end. Le magal est un pélerinage musulman d'un grand marabout sénégalais pour la confrérie Mouride. La plupart des musulmans vont se recueillir sur sa tombe, à Touba, et passe le week end à prier. Florence me déconseille fortement de prendre la route, les tarifs ont explosés, les sorties de Dakar embouteillés et c'est la folie sur la route. Dakar se vide et devient paisible, mais je ne me vois pas rester en centre ville, j'aspire a un peu d'air frais. Florence me propose l'auberge d'un de ces amis, Oumar Seye, champion de surf sénégalais, une vraie star. S'il ne compétitionne plus aujourd'hui, il organise une compétition internationale depuis trois ans. Il a une auberge pour surfeurs à N'Gor, spot bien connu et quartier excentré de Dakar, village de pêcheurs Lébou, au bord de la mer.  Très impliqué dans sa communauté, il coache les jeunes surfeurs. Le village, beaucoup plus calme que Dakar, grouille d'enfants. Le réveil ne se fait plus au klaxon mais avec même l'appel à la prière quand ce n'est pas les chants qui rythment la susdite prière. Je reste donc 5 jours (prévus au départ qui s'allonge finalement d'une semaine) car je souhaite partir à Ziguinchor, en 1er lieu.
Cette semaine est celle du farniente: baignade dans une belle eau bleue, rencontre avec les villageois, journée avec les femmes de la famille d'Oumar qui habitent en dessous de chez nous, visite des Almadies, retour à Dakar pour rencontrer des artistes, cour improvisé de djembé. Côté compatriote, je rencontre mes coturnes : Ben, Léonide et Philippe. Ce couple vient s'installer à Dakar après 4 ans en Australie. Ils ont emménagés hier et je leur ai donné un coup de main. Ben vient photographier la compétition et mettre à jour le site d'Oumar.

maison de la famille d'OUmar à N'Gor

plage de N'gor le village et départ pour l'île de N'Gor

Lavage des moutons sur la plage de N'gor

Enfants de N'Gor

Poteau de soutien dans un chantier des almadies

Grue sur la plge des almadies à coté de N'gor

et sa copine

la pintade

Pélican en train d efaire sa toilette

Pirogues de pêcheurs sur la plage des almadies

Hervé, voisin d'Oumar, qui m 'a pris sous son aile depuis mon arrivée à N'gor

N'gor semble en perpétuelle construction et les aigrettes blanches sont nos pigeons

Rue de mon auberge dans N'gor

Les enfants de N'Gor jouent soit au foot soit des percussions avec tout ce qui leur tombe sous la main

Démo puis cours impromptue de Djembé, ya du boulot caro et la concentration doit être à son maximum

L'île de N'Gor est criblée de citation intéressante sur les murs


Tante d'Oumar et cours de cuisine sénégalaise : le tiof

cuisson du poisson

épices


légumes pour la sauce

confection de la sauce


confection de la sauce avec oignons pilés

on enlève les petits graviers qui reste dans le riz, en fait plutot des brisures de riz qui viennent directement... d'Asie

Je vous présente Philippe, océonographe de son état, dans son nouvel appart et que c'est drôle d'entendre de l'accordéon au Sénégal, petite touche suréaliste dans l'histoire

Voici Ben, surfeur photographe et concepteur de planche et du site web d'Oumar

et la plus belle: Léonide moitié de Philippe et bout en train de l'équipe

Finalement je pars pour Saint Louis demain, car il n'y a plus de place pour Ziguinchor avant vendredi prochain. Ce soir, nous allons tous ensemble au concert de Youssou N'dour à l'institut culturel francais (je suis les conseils de ma prof de chant!!).

Je me fais gronder par les locaux car ils veulent que je quitte Dakar, le pays ne se résume pas à la ville, et je reste bien trop longtemps ici. Mais, il est vrai que je suis bien, les gens sont sympas et puis je prends mon temps, reprennant à mon escient le "tranquille", mot fétiche des Sénégalais. Je me sens tellement à l'aise que je joue au guide touristique avec Léonide en l'emmenant en bus visiter le quartier du plateau.

Voilà pour les nouvelles les plus récentes, comme vous voyez je suis comme un poisson dans l'eau. Je mettrais mes photos en ligne dans les jours à venir.