vendredi 25 février 2011

Saint Louis ENFIN!!!

Bonjour a tous

Alors maintenant je suis sur un clavier anglophone, j ai donc perdu les accents et l apostrophe aussi (incapable de la retrouver), merci de ne pas m en tenir rigueur. Bon, la regularite n est pas mon fort comme vous avez pu le constater mais il faut dire que les coupures d electricite ne m ont pas beaucoup aidee, surtout que lorsque il y a du courant dans la journee, je suis rarement devant un pc, preferant ecrire le soir ou la nuit, comme aujourd hui. Pour la derniere semaine, j ai ete en Casamance et plutot ravitaillee par les corbeaux en ce qui concerne le net... Ca peut vous donner une idee...

Tout ca pour dire que je vais essayer d aller a l essentiel en ce qui concerne Saint Louis (et pour la suite aussi)

Donc nous avions quitte M bour en taxi Brousse et nous avons change de taxi a la gare routiere de Thies. Une gare routiere senegalaise ressemble a un grand parking surlequel tous les vehicules se retrouvent: charettes, bus, taxi brousse ou classique, etals de marchandises sur roulettes, ou fixes, tous entremeles comme des mikados au milieu desquels circulent, dependant de l heure de la journee, des bancs de poissons humains plus ou moins denses. Il y a generalement une sorte de grande arcade au dessus de la zone des taxis brousse sur le fronton de laquelle sont  indiquees les destinations. Les prix se marchandent un peu mais pas tant que ca. Les taxi brousses sont souvent de vieux break ou s entassent 7 personnes, et la on prie pour avoir des voisins maigres! A thies, nous avons pris un petit encas: de la viande de chevre grillee. C etait tres bon. La viande est soit coupee en morceaux et grillee dans des petits chariots a tiroirs ou encore sur ses quatres pattes a l arriere du camion en attendant son heure (on ne peut pas dire qu elle est pas fraiche!!!). Dans sa forme consommable, elle est cuite tres longtemps dans ces tiroirs et donc se delite toute seule et baignant dans son jus et son gras, est  incroyablement fondante. On choisit les morceaux, avec ou sans os, trippes ou foie, le marchand dispose tout cela dans du papier brun, ajoute des oignons, pese le tout et vous facture.
Nous avons grignote cela avec plaisir dans le taxi qui n attendait plus que nous pour partir. Le voyage s est bien passe, 4 heures de voiture chaudes, sans jamais voir la mer puisque nous sommes trop dans les terres, la temperature monte vite. Il faut boire mais pas trop pour eviter d avoir envie de faire pipi tous les 20 km, ce qui en pleine brousse et en wolof est un experience qui ne ma pas encore tentee! Le paysage dans cette partie plus interieure est toujours aussi beau, de vastes plaines de brousses s intercalent avec des forets eparses de baobabs, de palmiers, de manguiers. Les petits villages qui jalonnent la route correspondent souvent aux images d epinal que nous avons de l Afrique: palissade de bois, cases en paille et banco. Se dispersent aux alentours anes, chevres, moutons, poules, petits etals de fruits et  de legumes, femmes entrain de piler ou de faire leur lessives, enfants courant et jouant, tandis qu au milieu trone un arbre sous lequel se regroupe les hommes. Il peut etre de differentes sortes du moment qu il offre suffisamment de feuilles pour ombrager son pied et ses hotes La aussi, la route est bitumee et en bonne etat, la poussiere la bordant se degrade du rouge vif au blanc craie, nous avons traverse une zone d extraction de calcaire, qui est impressionnante par sa dimension et son isolement dans le paysage. En arrivant sur Saint Louis, les champs de cacahuetes se bousculent et les gros sacs de plastique tisse, version moderne de la jute, se multiplient. Saviez vous que les cacahuetes sont des racines ou des tubercules? et ben, moi non! En fait ca ressemble beaucoup a des pommes de terres, la cahuete c est la pdt et le plant qui la produit a la meme allure. Plantees au moment de l hivernage, les cahuetes ne se montrent a cette epoque de l annee qu en tas en train de secher ou d etre empaquetees. Arrives en cours d apres midi, nous nous somme installes tranquillement, la visite commencera demain, j ai besoin de redescendre la temperature de mon moteur, la chaleur et la promiscuite dans le taxi  m ont sonne.

En ce qui concerne Saint Louis, les abords sont a peu pres identique a toutes les villes senegalaises, l ile centrale en est le quartier historique. La ville est coincee entre le village des pecheurs et la conurbation, entrecoupe par le fleuve Senegal et acculee par la mer. Ancienne capitale du Senegal, elle ressemble un peu a Goree: maisons colorees et parfois un peu defraichies, avec etage et balcon pour le cote nord (inspiration francaise) et de plain pied pour la partie sud (inspiration portugaise). Beaucoup de francais y resident, et la plupart ont l air d etre fraichement debarque des quartiers bourgeois parisiens, les serres tetes en velours ne devaient pas etre tres loins. Nous avons erre dans la ville puis avons fait un petit tour en caleche accompagnes d un guide. Apres cette prise de repere, la facette nippone de ma personne s est reveillee et j ai arpente toutes les rues pour reprendre des photos. J ai visite quelques echoppes et plusieurs ateliers d art contemporain. J ai craque pour une peinture sous verre humouristique, un bus plein a craquer decore a sa proue d un "Tout passe, Dieu Merci". Ensuite je suis alle visiter l atelier de tesss... ou jai rencontre Mai Diop. Femme francaise installee ici depuis plus de 10 ans, tisserande, elle est tombee amoureuse des pagnes mandjaks. Le pagne est une etroite bande de tissu de plusieurs metres de long, porte en echarpe ou cousus entre eux pour faire une jupe, ils sont tisses traditionnellement par l ethnie mandjak. Elle collectionne aujourd hui les plus anciens modeles, pour documentation et reference, les reproduits ou les reinterprete. Si elle est la patronne, ce ne sont que des hommes qui tissent, pas de femmes encore a l horizon artisanal. Elle commence a me presenter sa boutique et sa demarche, et la j enfile la casquette de la museologue: elle voudrait creer un musee... Rdv est pris pour le lendemain matin.

Le rendez vous du lendemain s etirera jusqu en debut d apres midi, je rencontre Juliette qui vient preter main forte a Mai. Elle aussi est francaise, mariee a un senegalais, elle a un petit bout de chou de 2 ans et veut aider Mai dans sa demarche. Nous discutons a baton rompu du projet, de museologie, je leur propose de leur donner quelques conseils et de mettre la main a la pate dans la mesure de mes possibilites. Biensur pour l instant il ne sagit que de benevolat... Pays developpes ou en voie, travailleurs culturels, meme combat... En fait, son concept et sa structure correspondent parfaitement a ce que l on appelle chez nous un economusee. Mai me communique une copie des documents qu elle a ce jour rediges pour le projet. Les mails sont echanges et j ai deja commence a leur donner des informations, travailler sur leur blog d exposition. A ce propos, Celine et Louise, je vais peut etre vous solliciter avant mon retour d Afrique. Le reste de la journee a ete en partie consacree a la gestion des photos et au blog (recit de Mbour)

Nous avions trouve une tite auberge un peu excentree, derriere le village des pecheurs, d ou l on peut voir en meme temps le fleuve et la mer, apres s etre faufile entre les camions refrigeres et epoumone dans les odeurs intenses de poissons frais, moins frais et seches, assourdi par les cris des marchands, les bruits sourds de la construction des pirogues. De par sa situation et l emplacement de l auberge, Saint Louis ressemble pour moi a une venise africaine: a chaque fois que je reviens de la ville, je traverse le petit pont qui mene au village des pecheurs et qui surplombe toutes les pirogues, en aval comme en amont, bien alignees perpendiculairement au fleuve, avec toujours quelques unes, qui partent ou arrivent. C est sans doute pas l image la plus commune que l on retient de cette ville, mais ce sera la mienne.

Donc voici le plus important a mon avis pour Saint Louis, surtout que je n y suis restee que 4 jours (sans avoir fait aucun parc... fort dommage, ils sont tres reputes dans le coin, il faudra que j y retourne) laissant Herve a son projet, et rentrant a Dakar pour repartir cette fois-ci avec Leo sous le bras dans le Sine Saloum, puis ensuite, mon excursion en casamance dans la famille adorable d Astrid et dans l ile carabane... vous voyez que j en ai du retard a rattraper, surtout que mercredi je m envole pour le Burkina ou Lina m attend. Mais promis, je vous raconterai au prochain episode le taxi brousse qui perdait son pneu ou comment faire Saint Louis Dakar en 8h00...


BISOUS et merci pour tous les mails encourageants, envieux, joyeux, moqueurs, droles, poetiques, inquiets que vous m envoyez. Au plaisir de vous lire !
A bientot

dimanche 6 février 2011

M'Bour s'intercale avant Saint Louis

Coucou tous,
Dieu, que le temps passe vite et que j'ai du mal à faire avancer le blog... Il faut dire que je viens de trier les 895 photos que j'ai déjà prises et que ca m'a pris les deux soirées précédentes. Certes, j'ai une connexion wi fi mais le débit est un peu faible. Bref, j'espère que vous allez prendre le temps de regarder les post précédents car j'ai enfin ajouté les photos correspondantes, alors si vous n'appréciez pas l'effort du tri, je vous remercie de supporter le boulot du photographe!!! ;o)

Suite du voyage:
Le vendredi matin où je m'apprêtais à partir à Saint Louis, Hervé me propose de jouer le guide et de m'emmener à M'Bour sur la petite Cote avant de m'amener à Saint Louis, vu qu'il y a des amis et qu'il est coincé à attendre des papiers à Dakar. J'hésite... mais Oumar me dit que je peux avoir confiance, Hervé est un mec sérieux et me dit qu'il sera plus aisé de voyager ainsi accompagnée, je pourrais aussi voir des choses en dehors des circuits touristiques. Donc me v'là partie avec Hervé sous le bras, et ma foi, vu la foire pour les bus, je suis bien contente d'avoir quelqu'un qui parle wolof. Tous les chauffeurs ne parlent pas français. On embarque dans un bus qui a du être dans une vie antérieure une fourgonnette 16 places, qui est dorénavant plus une boite de tôle sur roue décorée à l'africaine, soit des grigris, des images de marabout (tous les auspices sont bons pour la route et que le moteur tourne rond jusqu'à destination) et des jolis rideaux à fleur. Nous sommes tous bien tassés comme dans une boite de sardine et j'ai en sus mon sac à dos sur les genoux. Le bus, ce n'est pas cher, mais c'est plus long car il charge sur son toit des marchandises pour M'Bour à différents endroits et puis il y a les embouteillage pour sortir de Dakar, surtout que vu que j'ai tergirversée un moment, nous sommes partis bien plus tard que prévu (midi - le voyage nous prendra tout l'après midi). Pendant que le chauffeur et son aide chargent les sacs sur le toit, le bus se tranforme en marché, les vendeurs s'agglutinent le long des vitres, en criant le prix de leur marchandises comme des poissoniers, ils nous proposent pains, clémentines, oranges, eau, briquets, cartes de téléphone. Finalement, on met prés d'une heure à sortir de Dakar.
Je commence à voir la campagne, des herbes jaunes et hautes, parsemées de baobabs ou d'arbres araignées intensément verts (merci Hervé pour le nom). La poussière est reine, elle borde la route. Grise à Dakar, elle vire à l'ocre puis au rouge. Cette grande route est fréquentée aussi bien par des camions, des charettes, des vélos, des voitures biensur, d'autres bus, des biquettes et des vaches et tout le monde coexiste en bonne intelligence. Toutefois, je ne verrais pas ou peu de grands espaces, car les maisons restent en premier plan sur la majeure partie de la route. La temperature monte, nous avons quitté la cote et la brise qui va avec. J'ai des fourmis plein les jambes à cause de mon sac alors je joue au flamand rose dans un espace de 1m carré. Aprés un petit somme, nous voici à M'Bour, mais nous pousuivons notre route jusqu'à M'Baling, petit village de pêcheurs enfin surtout de fumeries de poissons, juste avant deux villages plus touristiques Nyaning et Warang. Hervé nous trouve une petite auberge, grâce à ses amis, qui fait travailler le village, elle est gérée par les villageois et tous les revenus sont versées pour l'école, le dispensaire etc. Pour 11000 CFA, on a un appart complet avec deux chambres, deux salles de bain, un patio, une cuisine et un salon. Parfait, plus cher que prévu à mon budget... mais bon cela évite de se marcher sur les pieds et participe activement à la vie du village.

Nous repartons aussitôt pour le marché aux poissons de M'Bour, histoire d'avoir de quoi diner. Le marché est gigantesque, une autre allure que ce que j'ai vu à Soumbédioune. Avant d'arriver aux poissons, il y a le marché de fruits, légumes, quincaillerie, épicerie, produits de beauté, mais on trace car il ne va pas tarder à faire nuit et c'est mieux de choisir son poisson à la lumière du jour. Je demande des explications et le nom de tous les poissons que l'on voit mais rapidement Hervé me demande d'aller me mettre dans un coin: il ne peux rien marchander avec une toubab dans les pattes, les prix triplent. Je vais donc m'asseoir en haut de la halle des marayeurs. Mes voisines s'approchent et me taillent la jasette habituelle. Dans le désordre, ça donne : tu veux me faire un cadeau, est ce la 1e fois au Sénégal, depuis combien de temps tu es là, comment tu t'appelles, que vas tu visiter ici, comment tu trouves le Sénégal, tu reviens nous acheter du poisson demain?

Arrivée d'une pirogue sur la plage du marché à Mbaling, les plus grosse pirogue peuvent partir pendant plusieurs mois en mer

 
Une charette attend son chargement de poisson


Finalement, Hervé a acheté une lotte locale qui ne ressemble en aucun cas aux nôtres. Il va préparer un Caldou. Plat typique de la casamance, le poisson est bouilli avec de la moutarde, des oignons, du citron avec un cube maggi que l'on appelle ici djumbo et bien entendu accompagné du riz brisé. En fait, Hervé va s'occuper de moi comme le boy s'occupe de Florence, il prépare la cuisine, fait les courses, range l'appart et me guide. Cette attitude m'énerve assez rapidement, j'ai l'impression d'être une assistée et c'est loin de ce que je veux expérimenter pendant ce voyage. Je mets cela clairement à plat avec lui et maintenant on partage, je fais les courses même si je paye plus cher, j'apprends le prix des choses et à marchander même la bouffe (y a encore du boulot). Je veux faire le marché toute seule, ce qui me permet de discuter avec plein de gens, ce que je ne peux faire quand je suis accompagnée, puisqu'Hervé devient mon interprète en quelquesorte et que plus personne ne s'approche puisque l'on ressemble à un couple. Alors que, quand je suis seule, tout le monde vient vers moi, engage la jasette habituelle, me demande des photos, surtout ici où il n'y a pas trop de toubabs, les contacts me semble plus authentiques. Je découvre ainsi plusieurs métiers, barbiers, coiffeurs, cordonniers à grigri, marayeurs, pêcheurs, sécheurs ou fumeurs de poissons. Je me sens mieux, les choses sont remises à leur place et je n'ai plus de dépendance. On se met d'accord sur ce que l'on fait dans la journée, il m'accompagne pour les excursions mais on vit chacun notre vie dès que l'on reste sur place. C'est parfait ainsi.

En résumé, on reste 5 jours sur M'baling. Pendant ces 5 jours nous ferons deux excursions : la 1e à la Somone, lieu plus touristique où il ya une belle lagune qui est en fait un estuaire plein de jolis oiseaux, pélicans, aigrettes, hérons, bergeronnettes, martins pêcheurs, échassiers en tout genre. on y apssera la journée. Je me promène le long de la mangrove, de la plage, discute avec les pecheurs à l'épervier (nom du filet) et à la ligne (sur la plage). Ces derniers pêchent la truite des rochers... je ne saurais pas à quoi cela ressemble finalement car ils n'en ont pas pris pendant que j'étais là. La mer est forte dans ce coin là et je n'ai guère envie de me baigner, par contre je ramasse pas mal de jolis coquillages. On rentre en s'arrêtant chez le cousin d'Hervé, donc je me retrouve assise sous l'arbre, au milieu de la cour de plusieurs familles, où se cotoie parents, enfants, biquettes, poules, lézards. Les enfants jouent, les filles se coiffent, et les mecs parlent en diola, dialecte de casamance, alors déjà que mon wolof est balbutiant... autant dire que je me laisse bercer par une musique de fond.

Le lendemain, on marche le long de la plage jusqu'a Nyaning écouter la messe de 11h, réservée aux enfants. Des messes comme ça, je me léverai tous les matins à 6h00 pour y assister! La chorale est époustouflante, les jeunes chanteurs y mettent tout leur coeur, et se dandinent au rythme du djembé et de la cora.  Un des enfants de choeur lit un court passage des évangiles, puis le prêtre interroge les enfants sur ce qu'ils ont compris de cette lecture. Son homélie est vivante, engagée et drôle sans jamais limiter la participation de ces ouailles. L'auditoire composé majoritairement d'enfants et de toubabs applaudit à chaque bonne réponse, et éclate de rires aux réponses plus incongrues. Le prêtre finit la messe par une explication du comportement au moment de l'eucharistie: soit on tire la langue, soit on tend la main, mais pas les deux en même temps! Il réitère son souhait que tous les enfants viennent à 11h et non à 9h car l'homélie y alors est trop longue et complexe. Seul hic, mais bien compréhensif ici, vu la pression induite par le grand nombre de musulmans, il demande à faire une feuille de présence qui sera liée à la liste de l'école, la messe est donc obligatoire car c'est maintenant que vous apprenez à être de bons chrétiens.
Des toubabs ont amenés des bonbons : c'est l'emeute en sortant de l'église, les enfants bousculent la personne qui a le sac et le sac est éventré. L'ostie a provoqué bien moins de chahut! Tous les enfants s'egaillent sur la plage et dans le village.

En cherchant des pêcheurs le long de la plage (pour acheter notre poisson de ce jour), je m'arrête auprès d'un groupe de personnes agées qui jouent au jeu de dames sénagalaises. Ce jeu n' a pas grand chose de commun avec les dames et les explications données par les joueurs sont succintes et je reste longtemps à observer les parties pour mieux comprendre comment cela se joue. Le soir, je retourne au marché aux poissonx espérant prendre de meilleures photos car j'y serais allée plus tôt que le crépuscule, manque de pot ce ne sera pas le cas, mais j' y retrouverai mes copines, ou l'on se taillera un petit brin de jasette.

Deuxième excursion, Joal Fadiouth, un petit village lacustre qui est relié par plusieurs ponts et s'étend sur plusieurs îles. D'un coté, les greniers à millet sur pilotis ont été éloignés du village pour éviter qu'ils partent en fumée avec les incendies somme toute fréquents du village à l'époque ou celui était encore fait de cases. De l'autre coté, le cimetière mixte : chrétien et musulman. Cette ile n'a pas de terre, ni même de sable, seules les coquilles des palourdes font office de graviers, de pierres tombales, de terreau à baobabs. C'est l'une des rares zones où la population est complétement mélangée, les chrétiens se marient avec des musulmans et vice versa sans obligation de conversion. Les musulmans ont payé le toit de l'église et les chréteiens ont participé à la réfection de la mosquée. nous avons visités cette archipel avec une pirogue, et ils se sont faits la course sur les derniers mètres, c'est assez drôle, il y avait un petit quelquechose de Venise là dedans. Le piroguier ami d'un ami, d'un ami, d'ami d'Hervé était super gentil et nous a donné toutes sortes d'explications. Le village vit de culture céréalière qui sont situées de l'autre côté du fleuve, d'un peu de pêche, de ramassage de palourdes (exclusivement féminin) et de la culture des huitres de mangroves, ils les décollent des racines des palétuviers et les mettent à grossir dans les parcs à huitres. Là encore, beaucoup d'oiseaux nichent, les mêmes qu'à la Somone.

Pour le reste du séjour, je retourne au marché dès que je peux en espérant à chaque fois grapiller quelques photos manquantes à la lueur du jour et je me promène dans le village: résultat des courses j'ai des photos de tous les habitants. J'ai promis de leur envoyer dés que possible la version papier des photos. J'ai rencontré l'infirmière du dispensaire avec qui j'ai beaucoup discuté de ... la santé des villageois, je suis allée prendre le thé chez les habitants et notamment chez la femme qui voulait me donner un de ses enfants, je me suis baignée, j'ai appris et joué aux dames sénagalaises, et j'ai joué avec 11 petits garçons qui venaient prendre leur récréation de midi sur la plage. 11 petits mecs beaux comme le jour, du CE1 au CM1, mutins à souhait, me récitant leur leçons, les poésies et les chansons apprises à l'école, m'écrivant sur le sable leur prénoms en français et en arabe, me faisant des dessins, me donnant des exercices de calcul... Ouf, il n' y avait que des additions et des soustractions. Un moment de pur bonheur! et le sable le plus drôle des tableaux d'école.

Depuis mon arrivée à M'Baling , je veux aller visiter les sécheries qui annoncent l'entrée du village mais comme à chaque fois, je retourne faire le marché, je rate les sécheries... je réussi à y aller la veille du départ de saint Louis et voici le compte rendu photo.




Petits crabes de mangroves qui trouent
 

jeudi 3 février 2011

Autres anecdotes dakaroises

Je suis à Saint Louis mais après avoir passé 3 heures à crever de chaud dans le taxi brousse, j'en profite pour vous détailler quelques moments de mes 1res semaines.
Les talibés (disciples)
sont des enfants dont la garde a été confiée à un marabout pour qu'ils apprennent le Coran. Généralement, les familles les leur confient pensant qu'ils seront mieux auprès de ces maîtres instruits. Dans la réalité, à Dakar et dans les autres villes, les marabouts n'ont pas l'argent pour nourrir toutes ces ouailles et les font mendier dans la rue pour qu'ils puissent manger et aussi leur ramener de l'argent (cf. Télérama de décembre 2010). Michèle et les guides m'avaient informée de ce phénomène, mais j'avoue que dans les premiers jours de mon séjour, je ne les avais pas remarqués ou pas vus. Ils ont commencé à "fleurir" sur le chaussée à partir de mercredi. Ils font des rondes dans les quartiers, ils commencent le début de la semaine à mendier dans les quartiers périphériques de Dakar puis se rapprochent du centre ville, à ce que j'ai compris. Leur présence et leur sollicitation se sont accrues jusqu'à vendredi.
Ces mômes se promènent souvent en bandes (2 ou 3) et hauts comme trois pommes. Habillés de guenilles, un petit récipient en plastique à la main, ils sollicitent tout le monde, mais les toubabs (blancs) les rendent curieux et insistants. Là, il faut rester de marbre et répondre gentiment, mais surement. Les gens leur donnent souvent de quoi manger, plus que de l'argent. En arrivant à Saint Louis, quelques petits bouts se sont rués sur une fin de plat de Tiboudiène que l'épicier, à qui je venais d'acheter de l'eau, venait de leur offrir. Souvent quand ils tendent leur petit sot, il y a du riz, des morceaux de sucre mélangés à un peu de monnaie. Ceux que j'ai vu ne sont pas maigres mais loin d'être gros, ne sont ni malades ni difformes, ils sont "juste" sales de la poussière de la ville et paumés, leur regard est droit, direct et sérieux. Il est interdit de les prendre en photo, j'avoue que cela ne m'est pas venu à l'esprit. L'Etat essaie de gérer la situation, mais c'est loin d'être probant. Depuis peu, une loi interdit au marabout de les faire mendier en dessous de l'age de 6 ans. Ce qui est une excellente idée, car déjà qu'à 6 ans, ils dépassent à peine les coffres des voitures autant dire que plus jeunes, ils pouvaient, voir même devenaient, des parechocs mobiles. Est-ce que cette loi est suivie d'effet? Je ne suis pas certaine, je trouve vraiment qu'ils sont touts petits.
J'ai entendu différentes réactions par rapport à ces enfants de la part des sénégalais. Pour certain, le marabout ne peut pas faire autrement car ils n'ont pas les subsides pour les nourrir: il ne reste plus que cette solution, sachant que l'un des piliers de l'islam est la charité et donc que le reste de la communauté/population les prend diversement en charge. La famille est aussi responsable dans le sens où elle se débarasse sans vraiment chercher à savoir ce qu'il advient d'eux et qu'elle ne paye pas ou peu le marabout pour cette prise en charge. A M'bour, où je viens de passer ces 5 derniers jours, une femme m' a invité à prendre le thé dans sa cour. Il y avait là trois familles: 3 maisons, 5 femmes, 15 enfants peut être, entre 15 ans et 3 mois. Cette femme m'a demandé de prendre sa dernière petite fille et de l'emmener avec moi, en France. Je ne sais si c'était une demande sérieuse, malgré la traduction des enfants plus agés. Cette maman m'a refait la proposition pour chacun de ces enfants en bas age - 5 au total- N'est-ce pas ce type de situation où les petits garçons pourraient être confiés à un marabout? Personne ne semblait aller mal, les enfants jouent, rient, biensur on est à la campagne et les familles ne roulent pas sur l'or, mais la vie de tous les jours ne doit pas être très simple... D'autres sénégalais s'investissent. Nous avons croisé avec Hélyette, Bernard et Pierrette une femme qu'ils connaissaient, elle vend ses colliers au pied de la statue de la renaissance Africaine. Elle fait partie d'une association constituée de 300 femmes qui prend en charge ces petits talibés, elles les nourissent, les habillent, les nettoient: 48 enfants sont ainsi sortis de la rue et ne retournent chez le marabout que pour les leçons et y dormir.

Pour le reste de la mendicité, dans les grandes villes, il s'agit surtout des personnes malades (beaucoup de personnes atteintes de la polyo, de paralysie partielle, de déformations physiques, aveugles) ou agées. Vu qu'il n'existe pas ici de système de chomage ou de santé, ces personnes-là ne bénficient d'aucune aide, retraite ou pension. Plus d'un se promènent avec des béquilles, marchent sur les mains protégées par des tongs ou encore dans des petits chariots. Ce qui est incroyable devant autant de dénuement, c'est qu'ils mendient en restant souriants. La plupart du temps, j'ai  répondu à leur sollicitation par la négative, vu que je sors sans argent ou presque sur moi, mais j'ai toujours eu droit a un "merci", "bonne journée" et un grand sourire.

Ensuite, il y a tous les petits vendeurs  de rues, à la sauvette, qui vendent sur une table ou juste en portant sur leur bras toutes sortes de marchandises (lunettes, tissus, parfums, colliers, cartes de téléphone, arachides). Ces derniers ne mendient pas, mais gagnent peu ou pas leur vie. Peu de femmes font ce type de travail, la plupart vendent alors à manger (fruits, légumes ou repas prêts), ou grillent des arachides dans le sable (ce sujet là fera l'objet d'un autre message). Un petit vendeur de parfum nous disait qu'il arrivait, dans ces meilleurs jours, à vendre pour 4000F cfa... Mais là encore, à chaque refus de ma part, s'ils sont souvent insistants, aucune attitude n'est agressive ou mesquine. Généralement, nos échanges sont ponctués de sourire.

Bref tout cela pour dire que les sénégalais riches ou pauvres sont avenants. Le seul bémol que je peux èmettre à ce jour, c'est la défience que je sens de la part des femmes. Les enfants m'interpellent, les hommes me saluent, mais souvent les femmes m'ignorent, se cachent ou prennent un regard trés fermé ou critique. Excepté à M'Bour, les femmes restent généralement distantes...

Ce billet n'aura bien entendu aucune photo.

A bientôt pour les autres photos et le récit de mes jours à M'Bour
Je tenais aussi à vous remercier pour tous vos commentaires! Pour ceux qui ne sont pas membres de mon blog, signez vos commentaires parce que l'anonyme, c'est pas folichon, quitte à ne mettre que les initiales si vous voulez que je sois la seule à vous reconnaitre!!! ca me fera des énigmes ;o)