dimanche 6 février 2011

M'Bour s'intercale avant Saint Louis

Coucou tous,
Dieu, que le temps passe vite et que j'ai du mal à faire avancer le blog... Il faut dire que je viens de trier les 895 photos que j'ai déjà prises et que ca m'a pris les deux soirées précédentes. Certes, j'ai une connexion wi fi mais le débit est un peu faible. Bref, j'espère que vous allez prendre le temps de regarder les post précédents car j'ai enfin ajouté les photos correspondantes, alors si vous n'appréciez pas l'effort du tri, je vous remercie de supporter le boulot du photographe!!! ;o)

Suite du voyage:
Le vendredi matin où je m'apprêtais à partir à Saint Louis, Hervé me propose de jouer le guide et de m'emmener à M'Bour sur la petite Cote avant de m'amener à Saint Louis, vu qu'il y a des amis et qu'il est coincé à attendre des papiers à Dakar. J'hésite... mais Oumar me dit que je peux avoir confiance, Hervé est un mec sérieux et me dit qu'il sera plus aisé de voyager ainsi accompagnée, je pourrais aussi voir des choses en dehors des circuits touristiques. Donc me v'là partie avec Hervé sous le bras, et ma foi, vu la foire pour les bus, je suis bien contente d'avoir quelqu'un qui parle wolof. Tous les chauffeurs ne parlent pas français. On embarque dans un bus qui a du être dans une vie antérieure une fourgonnette 16 places, qui est dorénavant plus une boite de tôle sur roue décorée à l'africaine, soit des grigris, des images de marabout (tous les auspices sont bons pour la route et que le moteur tourne rond jusqu'à destination) et des jolis rideaux à fleur. Nous sommes tous bien tassés comme dans une boite de sardine et j'ai en sus mon sac à dos sur les genoux. Le bus, ce n'est pas cher, mais c'est plus long car il charge sur son toit des marchandises pour M'Bour à différents endroits et puis il y a les embouteillage pour sortir de Dakar, surtout que vu que j'ai tergirversée un moment, nous sommes partis bien plus tard que prévu (midi - le voyage nous prendra tout l'après midi). Pendant que le chauffeur et son aide chargent les sacs sur le toit, le bus se tranforme en marché, les vendeurs s'agglutinent le long des vitres, en criant le prix de leur marchandises comme des poissoniers, ils nous proposent pains, clémentines, oranges, eau, briquets, cartes de téléphone. Finalement, on met prés d'une heure à sortir de Dakar.
Je commence à voir la campagne, des herbes jaunes et hautes, parsemées de baobabs ou d'arbres araignées intensément verts (merci Hervé pour le nom). La poussière est reine, elle borde la route. Grise à Dakar, elle vire à l'ocre puis au rouge. Cette grande route est fréquentée aussi bien par des camions, des charettes, des vélos, des voitures biensur, d'autres bus, des biquettes et des vaches et tout le monde coexiste en bonne intelligence. Toutefois, je ne verrais pas ou peu de grands espaces, car les maisons restent en premier plan sur la majeure partie de la route. La temperature monte, nous avons quitté la cote et la brise qui va avec. J'ai des fourmis plein les jambes à cause de mon sac alors je joue au flamand rose dans un espace de 1m carré. Aprés un petit somme, nous voici à M'Bour, mais nous pousuivons notre route jusqu'à M'Baling, petit village de pêcheurs enfin surtout de fumeries de poissons, juste avant deux villages plus touristiques Nyaning et Warang. Hervé nous trouve une petite auberge, grâce à ses amis, qui fait travailler le village, elle est gérée par les villageois et tous les revenus sont versées pour l'école, le dispensaire etc. Pour 11000 CFA, on a un appart complet avec deux chambres, deux salles de bain, un patio, une cuisine et un salon. Parfait, plus cher que prévu à mon budget... mais bon cela évite de se marcher sur les pieds et participe activement à la vie du village.

Nous repartons aussitôt pour le marché aux poissons de M'Bour, histoire d'avoir de quoi diner. Le marché est gigantesque, une autre allure que ce que j'ai vu à Soumbédioune. Avant d'arriver aux poissons, il y a le marché de fruits, légumes, quincaillerie, épicerie, produits de beauté, mais on trace car il ne va pas tarder à faire nuit et c'est mieux de choisir son poisson à la lumière du jour. Je demande des explications et le nom de tous les poissons que l'on voit mais rapidement Hervé me demande d'aller me mettre dans un coin: il ne peux rien marchander avec une toubab dans les pattes, les prix triplent. Je vais donc m'asseoir en haut de la halle des marayeurs. Mes voisines s'approchent et me taillent la jasette habituelle. Dans le désordre, ça donne : tu veux me faire un cadeau, est ce la 1e fois au Sénégal, depuis combien de temps tu es là, comment tu t'appelles, que vas tu visiter ici, comment tu trouves le Sénégal, tu reviens nous acheter du poisson demain?

Arrivée d'une pirogue sur la plage du marché à Mbaling, les plus grosse pirogue peuvent partir pendant plusieurs mois en mer

 
Une charette attend son chargement de poisson


Finalement, Hervé a acheté une lotte locale qui ne ressemble en aucun cas aux nôtres. Il va préparer un Caldou. Plat typique de la casamance, le poisson est bouilli avec de la moutarde, des oignons, du citron avec un cube maggi que l'on appelle ici djumbo et bien entendu accompagné du riz brisé. En fait, Hervé va s'occuper de moi comme le boy s'occupe de Florence, il prépare la cuisine, fait les courses, range l'appart et me guide. Cette attitude m'énerve assez rapidement, j'ai l'impression d'être une assistée et c'est loin de ce que je veux expérimenter pendant ce voyage. Je mets cela clairement à plat avec lui et maintenant on partage, je fais les courses même si je paye plus cher, j'apprends le prix des choses et à marchander même la bouffe (y a encore du boulot). Je veux faire le marché toute seule, ce qui me permet de discuter avec plein de gens, ce que je ne peux faire quand je suis accompagnée, puisqu'Hervé devient mon interprète en quelquesorte et que plus personne ne s'approche puisque l'on ressemble à un couple. Alors que, quand je suis seule, tout le monde vient vers moi, engage la jasette habituelle, me demande des photos, surtout ici où il n'y a pas trop de toubabs, les contacts me semble plus authentiques. Je découvre ainsi plusieurs métiers, barbiers, coiffeurs, cordonniers à grigri, marayeurs, pêcheurs, sécheurs ou fumeurs de poissons. Je me sens mieux, les choses sont remises à leur place et je n'ai plus de dépendance. On se met d'accord sur ce que l'on fait dans la journée, il m'accompagne pour les excursions mais on vit chacun notre vie dès que l'on reste sur place. C'est parfait ainsi.

En résumé, on reste 5 jours sur M'baling. Pendant ces 5 jours nous ferons deux excursions : la 1e à la Somone, lieu plus touristique où il ya une belle lagune qui est en fait un estuaire plein de jolis oiseaux, pélicans, aigrettes, hérons, bergeronnettes, martins pêcheurs, échassiers en tout genre. on y apssera la journée. Je me promène le long de la mangrove, de la plage, discute avec les pecheurs à l'épervier (nom du filet) et à la ligne (sur la plage). Ces derniers pêchent la truite des rochers... je ne saurais pas à quoi cela ressemble finalement car ils n'en ont pas pris pendant que j'étais là. La mer est forte dans ce coin là et je n'ai guère envie de me baigner, par contre je ramasse pas mal de jolis coquillages. On rentre en s'arrêtant chez le cousin d'Hervé, donc je me retrouve assise sous l'arbre, au milieu de la cour de plusieurs familles, où se cotoie parents, enfants, biquettes, poules, lézards. Les enfants jouent, les filles se coiffent, et les mecs parlent en diola, dialecte de casamance, alors déjà que mon wolof est balbutiant... autant dire que je me laisse bercer par une musique de fond.

Le lendemain, on marche le long de la plage jusqu'a Nyaning écouter la messe de 11h, réservée aux enfants. Des messes comme ça, je me léverai tous les matins à 6h00 pour y assister! La chorale est époustouflante, les jeunes chanteurs y mettent tout leur coeur, et se dandinent au rythme du djembé et de la cora.  Un des enfants de choeur lit un court passage des évangiles, puis le prêtre interroge les enfants sur ce qu'ils ont compris de cette lecture. Son homélie est vivante, engagée et drôle sans jamais limiter la participation de ces ouailles. L'auditoire composé majoritairement d'enfants et de toubabs applaudit à chaque bonne réponse, et éclate de rires aux réponses plus incongrues. Le prêtre finit la messe par une explication du comportement au moment de l'eucharistie: soit on tire la langue, soit on tend la main, mais pas les deux en même temps! Il réitère son souhait que tous les enfants viennent à 11h et non à 9h car l'homélie y alors est trop longue et complexe. Seul hic, mais bien compréhensif ici, vu la pression induite par le grand nombre de musulmans, il demande à faire une feuille de présence qui sera liée à la liste de l'école, la messe est donc obligatoire car c'est maintenant que vous apprenez à être de bons chrétiens.
Des toubabs ont amenés des bonbons : c'est l'emeute en sortant de l'église, les enfants bousculent la personne qui a le sac et le sac est éventré. L'ostie a provoqué bien moins de chahut! Tous les enfants s'egaillent sur la plage et dans le village.

En cherchant des pêcheurs le long de la plage (pour acheter notre poisson de ce jour), je m'arrête auprès d'un groupe de personnes agées qui jouent au jeu de dames sénagalaises. Ce jeu n' a pas grand chose de commun avec les dames et les explications données par les joueurs sont succintes et je reste longtemps à observer les parties pour mieux comprendre comment cela se joue. Le soir, je retourne au marché aux poissonx espérant prendre de meilleures photos car j'y serais allée plus tôt que le crépuscule, manque de pot ce ne sera pas le cas, mais j' y retrouverai mes copines, ou l'on se taillera un petit brin de jasette.

Deuxième excursion, Joal Fadiouth, un petit village lacustre qui est relié par plusieurs ponts et s'étend sur plusieurs îles. D'un coté, les greniers à millet sur pilotis ont été éloignés du village pour éviter qu'ils partent en fumée avec les incendies somme toute fréquents du village à l'époque ou celui était encore fait de cases. De l'autre coté, le cimetière mixte : chrétien et musulman. Cette ile n'a pas de terre, ni même de sable, seules les coquilles des palourdes font office de graviers, de pierres tombales, de terreau à baobabs. C'est l'une des rares zones où la population est complétement mélangée, les chrétiens se marient avec des musulmans et vice versa sans obligation de conversion. Les musulmans ont payé le toit de l'église et les chréteiens ont participé à la réfection de la mosquée. nous avons visités cette archipel avec une pirogue, et ils se sont faits la course sur les derniers mètres, c'est assez drôle, il y avait un petit quelquechose de Venise là dedans. Le piroguier ami d'un ami, d'un ami, d'ami d'Hervé était super gentil et nous a donné toutes sortes d'explications. Le village vit de culture céréalière qui sont situées de l'autre côté du fleuve, d'un peu de pêche, de ramassage de palourdes (exclusivement féminin) et de la culture des huitres de mangroves, ils les décollent des racines des palétuviers et les mettent à grossir dans les parcs à huitres. Là encore, beaucoup d'oiseaux nichent, les mêmes qu'à la Somone.

Pour le reste du séjour, je retourne au marché dès que je peux en espérant à chaque fois grapiller quelques photos manquantes à la lueur du jour et je me promène dans le village: résultat des courses j'ai des photos de tous les habitants. J'ai promis de leur envoyer dés que possible la version papier des photos. J'ai rencontré l'infirmière du dispensaire avec qui j'ai beaucoup discuté de ... la santé des villageois, je suis allée prendre le thé chez les habitants et notamment chez la femme qui voulait me donner un de ses enfants, je me suis baignée, j'ai appris et joué aux dames sénagalaises, et j'ai joué avec 11 petits garçons qui venaient prendre leur récréation de midi sur la plage. 11 petits mecs beaux comme le jour, du CE1 au CM1, mutins à souhait, me récitant leur leçons, les poésies et les chansons apprises à l'école, m'écrivant sur le sable leur prénoms en français et en arabe, me faisant des dessins, me donnant des exercices de calcul... Ouf, il n' y avait que des additions et des soustractions. Un moment de pur bonheur! et le sable le plus drôle des tableaux d'école.

Depuis mon arrivée à M'Baling , je veux aller visiter les sécheries qui annoncent l'entrée du village mais comme à chaque fois, je retourne faire le marché, je rate les sécheries... je réussi à y aller la veille du départ de saint Louis et voici le compte rendu photo.




Petits crabes de mangroves qui trouent
 

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