jeudi 3 février 2011

Autres anecdotes dakaroises

Je suis à Saint Louis mais après avoir passé 3 heures à crever de chaud dans le taxi brousse, j'en profite pour vous détailler quelques moments de mes 1res semaines.
Les talibés (disciples)
sont des enfants dont la garde a été confiée à un marabout pour qu'ils apprennent le Coran. Généralement, les familles les leur confient pensant qu'ils seront mieux auprès de ces maîtres instruits. Dans la réalité, à Dakar et dans les autres villes, les marabouts n'ont pas l'argent pour nourrir toutes ces ouailles et les font mendier dans la rue pour qu'ils puissent manger et aussi leur ramener de l'argent (cf. Télérama de décembre 2010). Michèle et les guides m'avaient informée de ce phénomène, mais j'avoue que dans les premiers jours de mon séjour, je ne les avais pas remarqués ou pas vus. Ils ont commencé à "fleurir" sur le chaussée à partir de mercredi. Ils font des rondes dans les quartiers, ils commencent le début de la semaine à mendier dans les quartiers périphériques de Dakar puis se rapprochent du centre ville, à ce que j'ai compris. Leur présence et leur sollicitation se sont accrues jusqu'à vendredi.
Ces mômes se promènent souvent en bandes (2 ou 3) et hauts comme trois pommes. Habillés de guenilles, un petit récipient en plastique à la main, ils sollicitent tout le monde, mais les toubabs (blancs) les rendent curieux et insistants. Là, il faut rester de marbre et répondre gentiment, mais surement. Les gens leur donnent souvent de quoi manger, plus que de l'argent. En arrivant à Saint Louis, quelques petits bouts se sont rués sur une fin de plat de Tiboudiène que l'épicier, à qui je venais d'acheter de l'eau, venait de leur offrir. Souvent quand ils tendent leur petit sot, il y a du riz, des morceaux de sucre mélangés à un peu de monnaie. Ceux que j'ai vu ne sont pas maigres mais loin d'être gros, ne sont ni malades ni difformes, ils sont "juste" sales de la poussière de la ville et paumés, leur regard est droit, direct et sérieux. Il est interdit de les prendre en photo, j'avoue que cela ne m'est pas venu à l'esprit. L'Etat essaie de gérer la situation, mais c'est loin d'être probant. Depuis peu, une loi interdit au marabout de les faire mendier en dessous de l'age de 6 ans. Ce qui est une excellente idée, car déjà qu'à 6 ans, ils dépassent à peine les coffres des voitures autant dire que plus jeunes, ils pouvaient, voir même devenaient, des parechocs mobiles. Est-ce que cette loi est suivie d'effet? Je ne suis pas certaine, je trouve vraiment qu'ils sont touts petits.
J'ai entendu différentes réactions par rapport à ces enfants de la part des sénégalais. Pour certain, le marabout ne peut pas faire autrement car ils n'ont pas les subsides pour les nourrir: il ne reste plus que cette solution, sachant que l'un des piliers de l'islam est la charité et donc que le reste de la communauté/population les prend diversement en charge. La famille est aussi responsable dans le sens où elle se débarasse sans vraiment chercher à savoir ce qu'il advient d'eux et qu'elle ne paye pas ou peu le marabout pour cette prise en charge. A M'bour, où je viens de passer ces 5 derniers jours, une femme m' a invité à prendre le thé dans sa cour. Il y avait là trois familles: 3 maisons, 5 femmes, 15 enfants peut être, entre 15 ans et 3 mois. Cette femme m'a demandé de prendre sa dernière petite fille et de l'emmener avec moi, en France. Je ne sais si c'était une demande sérieuse, malgré la traduction des enfants plus agés. Cette maman m'a refait la proposition pour chacun de ces enfants en bas age - 5 au total- N'est-ce pas ce type de situation où les petits garçons pourraient être confiés à un marabout? Personne ne semblait aller mal, les enfants jouent, rient, biensur on est à la campagne et les familles ne roulent pas sur l'or, mais la vie de tous les jours ne doit pas être très simple... D'autres sénégalais s'investissent. Nous avons croisé avec Hélyette, Bernard et Pierrette une femme qu'ils connaissaient, elle vend ses colliers au pied de la statue de la renaissance Africaine. Elle fait partie d'une association constituée de 300 femmes qui prend en charge ces petits talibés, elles les nourissent, les habillent, les nettoient: 48 enfants sont ainsi sortis de la rue et ne retournent chez le marabout que pour les leçons et y dormir.

Pour le reste de la mendicité, dans les grandes villes, il s'agit surtout des personnes malades (beaucoup de personnes atteintes de la polyo, de paralysie partielle, de déformations physiques, aveugles) ou agées. Vu qu'il n'existe pas ici de système de chomage ou de santé, ces personnes-là ne bénficient d'aucune aide, retraite ou pension. Plus d'un se promènent avec des béquilles, marchent sur les mains protégées par des tongs ou encore dans des petits chariots. Ce qui est incroyable devant autant de dénuement, c'est qu'ils mendient en restant souriants. La plupart du temps, j'ai  répondu à leur sollicitation par la négative, vu que je sors sans argent ou presque sur moi, mais j'ai toujours eu droit a un "merci", "bonne journée" et un grand sourire.

Ensuite, il y a tous les petits vendeurs  de rues, à la sauvette, qui vendent sur une table ou juste en portant sur leur bras toutes sortes de marchandises (lunettes, tissus, parfums, colliers, cartes de téléphone, arachides). Ces derniers ne mendient pas, mais gagnent peu ou pas leur vie. Peu de femmes font ce type de travail, la plupart vendent alors à manger (fruits, légumes ou repas prêts), ou grillent des arachides dans le sable (ce sujet là fera l'objet d'un autre message). Un petit vendeur de parfum nous disait qu'il arrivait, dans ces meilleurs jours, à vendre pour 4000F cfa... Mais là encore, à chaque refus de ma part, s'ils sont souvent insistants, aucune attitude n'est agressive ou mesquine. Généralement, nos échanges sont ponctués de sourire.

Bref tout cela pour dire que les sénégalais riches ou pauvres sont avenants. Le seul bémol que je peux èmettre à ce jour, c'est la défience que je sens de la part des femmes. Les enfants m'interpellent, les hommes me saluent, mais souvent les femmes m'ignorent, se cachent ou prennent un regard trés fermé ou critique. Excepté à M'Bour, les femmes restent généralement distantes...

Ce billet n'aura bien entendu aucune photo.

A bientôt pour les autres photos et le récit de mes jours à M'Bour
Je tenais aussi à vous remercier pour tous vos commentaires! Pour ceux qui ne sont pas membres de mon blog, signez vos commentaires parce que l'anonyme, c'est pas folichon, quitte à ne mettre que les initiales si vous voulez que je sois la seule à vous reconnaitre!!! ca me fera des énigmes ;o)

2 commentaires:

  1. Coucou Audrey,

    Merci pour ces récits avec lesquels on comprend un peu mieux ce pays, le Sénégal.
    Continues comme cela ...tu es très agréable à lire.
    Bises Chrystelle.

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  2. ta soeur, mb, te dis que tu fais un voyage magique...

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