dimanche 8 mai 2011

Carabane

L’île de Carabane n’est pas très loin de Ziguinchor, on compte juste 1 h de taxi-brousse à partir de Ziguinchor. Puis on prend la navette-pirogue pendant une demi-heure et on se retrouve sur l’île. Cette île est d’une incroyable tranquillité, rythmée par les navettes-pirogues et les marées, aucune voiture, pas d’électricité, des petites boutiques, mais aucune sollicitation. Près de 400 personnes y vivent, autour d’une église, d’une mosquée, d’une école, d’un dispensaire et d’une maternité, de quelques campements et un hôtel. Quelques traces de la présence française s’éparpillent dans l’île : puits, ancienne église, prison en ruine… Les habitants sont adorables et accueillants. 

Le tour de l’île se fait en une journée, on visite le potager des femmes, l’exploitation du vin de palme, le cimetière où l’on trouve des tombes des premiers colons français, on croise des troupeaux qui paissent dans les rizières, et traversent à heures fixes le bolong pour venir boire sur l’île, des femmes qui ramassent et font sécher de délicieuses huitres de mangrove, des enfants qui veulent être pris en photos, des couturiers sur leur machine, des artisans qui font du batik, des artistes peintres et sculpteurs sur argile, des pêcheurs qui réparent leur filet ou ramènent le fruit de leur pêche, des Européens qui font construire leur maison, des femmes qui font du pain, des paniers…

Bref un petit paradis. Au début je devais n’y rester que 2 jours, puis la vie y est si agréable et les rencontres tellement fortes que je décide d’y rester 2 jours supplémentaires : je raye de mon programme Cap Skiring et Kabrousse, sans aucun regret!

Je discute beaucoup avec Soraya, Française parlant couramment Diolla, et vient ici depuis 20 ans avec son époux, Lébou. Ils ont fait construire leur maison et connaissent l’île comme leur poche. Ali, le sculpteur m’explique les principes de la sculpture sur bois et l’on parle d’un stage possible lors de mon prochain séjour, un jour… l’année prochaine peut-être…
Sans parler de Célestin, cuisinier au campement qui nous fait de délicieux repas, la maisonnée de Hannah constituée de son petit bout de chou Alfred, d’Émile, Salif (là encore on oublie les idées d’identification des relations des parenté), Daoda, jeune pêcheur guitariste, Gloria jeune Espagnole qui a décidé de venir habiter ici dans sa case pendant un an, Orfang piroguier et « calmeur professionnel de colère ». Je ne vous raconterais pas l’histoire de tous, mais je me dois de citer encore quelques noms : Shérif, Kimboussa, Aline, Amathe, Landing, Youssou… et je regrette pour ceux que j’oublie.

Je retourne à Ziguinchor où je retrouve la famille Gomis – Mendy, la veille de l’embarquement sur le bateau pour Dakar. Cette fois-ci Joseph et Caroline (oncle et tante d’Astrid) sont de retour de Guinée et m’ouvrent grand leur bras, tandis que les enfants me font une véritable fête. On discute des heures carrées en sirotant du vin de palme. À l’heure des repas, je mange avec Joseph dans le salon, et dans la journée me partage entre la place assise à côté de Joseph devant la maison et celle à côté de Caroline dans la cour. Si les premiers jours que j’ai passés au sein de la famille étaient hésitants, je ne savais pas trop comment me comporter, ni quelle était ma place, là, je me sens à mon retour comme un poisson dans l’eau et quasiment une fille de la maison (sacrément gâtée, j’en conviens).

Je suis complètement sous le charme de cette famille et de cette partie du Sénégal. Je meurs d’envie de revenir de vivre plus longtemps parmi eux. Ils m’offrent leur hospitalité et je conviens avec Caroline que la prochaine fois que je viens, je participerais pleinement aux travaux de la maison. Cette dernière journée est exquise.

Est-ce le fait d’avoir vécu davantage la vie sénégalaise ici ? Est-ce le fait d’avoir fonctionné sans guide? Est-ce parce que je suis sur le point de partir au Burkina et donc de quitter le Sénégal? Je ne sais, mais cette dernière partie du voyage est poignante, belle, intense. Je quitte à regret Ziguinchor me promettant d’y revenir.

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