mardi 3 mai 2011

Ziguinchor

- Pour ceux qui sont toujours perdus – Ziguinchor est à mettre à la suite du billet du 9 mars 2011, intitulé « Siné Saloum suite et fin ».

Donc me revoilà à Dakar, mais c’est le mardi 15 février que j’ai embarqué sur le bateau qui m’amène à Ziguinchor, après avoir acheté les rideaux pour l’appartement de Léo. Je suis arrivée bien trop tôt donc je patiente une bonne partie de l’après-midi sur le bateau, il ne largue les amarres qu’à 20 h. Ce qui me laisse largement le temps d’explorer le bateau.

Comme la Casamance est à l’extrémité sud du Sénégal, il n’y a pas 35 solutions pour rejoindre cette région limitrophe avec la Guinée-Bissau. Soit vous traversez la Gambie – seul hic les douaniers y sont lunatiques, soit, vous contournez la Gambie en passant par le Sénégal oriental, et doublez voire triplez ainsi la distance à parcourir, le temps à passer dans le taxi-brousse, la température, en s’enfonçant dans les terres, la chaleur augmente. Sans oublier que dans ce cas-là, vous arrivez par la Haute Casamance, bastion des rebelles. Ces deux options ont un fort potentiel de souvenirs cocasses, doivent regorger de lot de surprises et de paysages époustouflants, mais le bateau est la façon la plus sûre et relativement rapide de rejoindre Ziguinchor. La traversée dure 15 h, bref une bonne grosse nuit et un bout de matinée à admirer le fleuve et la mangrove qui nous accueille.

À Ziguinchor, je suis accueillie par Léontine, la fille de Joseph, oncle ou simili d’Astrid, amie et ancienne collègue de ma mère. Vous avez suivi??? Rassurez-vous, il n’y a qu’ici que je détaillerais les relations familiales, car j’ai abandonné chez eux mes vieux restes d’esprit occidental de classification et d’identification. Mais pour la petite histoire, sachez que je me suis transformée en ethnologue de terrain, calepin et stylo en main, j’ai essayé de comprendre qui étaient les 15 personnes qui habitaient la maison, mais au bout de deux jours, j’ai jeté l’éponge!!!!

Bref, me voici dans la famille élargie d’Astrid du côté sénégalais, je vais passer ici trois jours à observer, à essayer de me trouver une petite place et à participer le plus possible à la vie de famille. En tant qu’invitée, on me laisse bien faire deux ou trois petites choses. Mais ne sachant pas trop comment me positionner, je suis un peu gauche des mes dix doigts. Sans oublier que la communication est un peu chaotique. Les femmes avec lesquelles je passe une bonne partie de la journée ne parlent pas très bien français. Mon wolof rudimentaire, mon mandingue inexistant ne facilitent pas les choses. Heureusement, le mime fonctionne bien, quelques quiproquos se terminent en éclats de rire. Léontine parle très bien le français, mais elle va à l’école la journée, et elle est tellement timide que nous nous parlons peu. Le soir, les hommes rentrent à la maison et je récupère l’usage de la parole. Jean, le frère de Joseph, vient s’occuper de moi. Il m’a fait visiter la ville : le port, l’usine d’huile d’arachide, le marché, la mairie, l’office de tourisme, la cathédrale, le marché artisanal, le centre culturel français… le « cabaret » où l’on boit du vin de palme. J’ai poursuivi mon exploration de la ville et du quartier seule, à la recherche des tisserands, découvrant les ferblantiers. Jean viendra me retrouver tous les soirs avec un petit verre de vin de palme pour discuter et débriefer la journée.

Pendant ces trois jours, le moment du repas fut assez particulier : seule dans le salon, place d’honneur du patriarche absent. Ce n’était pas vraiment une surprise, Astrid m’avait prévenue. Autant dire que je ne mange pas beaucoup et fort rapidement, attirant le dépit de mes hôtes : « je n’aime pas ce qu’ils font? » « Je veux être toute maigre? » Le 1 er jour, j’ai demandé pourquoi, les femmes m’ont répondu par un sourire gêné, mutique. Le lendemain, Jean est venu diner avec moi. Le troisième soir, j’ai pris mon assiette et mes couverts et suis venue m’assoir avec eux, entre les différents groupes de la maisonnée. Effectivement, c’est difficile de mettre une bonne douzaine de personnes autour du même plat. Alors, les saladiers sont répartis selon une certaine logique qui évolue selon la population de la maisonnée. Cette fois-ci, il y avait les hommes, les grand-mères et les enfants, les femmes… et moi au milieu.

Ziguinchor est une petite ville tranquille et verte, chaque quartier a son marché, des petits potagers forment des ilots de verdure, des arbres fruitiers ponctuent les rues. Par contre, il y fait une chaleur étouffante, malgré la présence du fleuve, la brise ne pénètre pas. On est plus au sud et dans les terres, et cela se sent, je me doute que cela est un aperçu de ce que peut être la chaleur au Burkina.

Après ces 3 journées d’explorations, je pars pour l’île carabane
Sujet du prochain épisode!

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